Le décès de Jack Layton a créé toute une onde de choc au Québec, où le chef du Nouveau Parti démocratique avait fait une percée historique le 2 mai dernier.

Plus de 400 personnes ont tenu une veillée aux chandelles pour rendre hommage au chef du NPD, lundi soir, devant le monument à Georges-Etienne Cartier, au pied du Mont-Royal, à Montréal.

L'événement spontané créé sur le réseau social Facebook indiquait que la veillée voulait démontrer l'amour et l'appui à cet homme qui n'a jamais cessé de lutter pour la «bonne cause» et pour démontrer que l'engagement des gens envers lui était «inébranlable».

Les participants ont lu la lettre que Jack Layton avait écrit aux Canadiens avant sa mort.

Au sein de son caucus québécois, tous voulaient rendre hommage au disparu, lundi, mais personne ne voulait s'aventurer sur la suite des choses.

La classe politique québécoise a tenu à rappeler l'héritage politique du chef de l'opposition officielle à la Chambre des communes, mais surtout sa proverbiale force de caractère devant les épreuves et sa bonhomie légendaire.

En mission économique à Tokyo, au Japon, le premier ministre Jean Charest a tenu à souligner «la perte d'un homme d'exception». Il a rappelé que M. Layton, grâce à sa détermination et malgré la maladie, avait réussi à remporter la victoire dans 59 circonscriptions sur 75 au Québec, lors du dernier scrutin, «le plus haut sommet de son histoire».

La chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, a estimé qu'il avait offert «un brillant exemple de résilience et d'engagement» politique. Elle a noté que lors des dernières élections fédérales, il avait réussi «à toucher le coeur des citoyens du Québec», en adoptant une «attitude inspirante, proche des gens».

Le disparu était un homme de convictions, a commenté de son côté le chef de l'Action démocratique, Gérard Deltell. Son combat contre le cancer est selon lui un exemple de détermination «qui restera gravé dans l'histoire de notre pays».

La porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a fait valoir que M. Layton avait adopté des positions politiques «dont on se rappellera», dont le retrait de l'armée canadienne de l'Afghanistan. Selon elle, sa mort laisse un grand vide du côté des «forces progressistes».

La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, l'a connu alors qu'elle était journaliste à Ottawa. Elle se souvient d'une mission au Japon, à laquelle avait participé M. Layton, alors conseiller municipal à Toronto, qui avait fait voir aux journalistes les quartiers pauvres de Tokyo, ce qui n'était pas prévu à l'horaire. M. Layton aimait montrer «l'autre côté de la médaille», a dit Mme St-Pierre, lors d'un point de presse. C'était «un homme que nous adorions, que nous avons appris à aimer», a-t-elle dit.

Le député bloquiste Louis Plamondon, qui est aussi le chef intérimaire parlementaire de cette formation depuis le départ de Gilles Duceppe, a jugé que «des hommes de cette trempe, on en manque à la Chambre des Communes». Selon lui, Jack Layton a «transformé le NPD».

Le député libéral de Bourassa, Denis Coderre, a côtoyé le disparu pendant des années à la Chambre des communes. Il en garde le souvenir d'un «homme de coeur», un «modèle de détermination et de courage», véritable «antidote au cynisme», «un gentleman, un vrai». Il ajoute que les candidats à sa succession «auront des croûtes à manger».

Dans les rangs du caucus québécois de l'équipe néo-démocrate, l'annonce a été reçue comme un coup de massue.

Les sept députés de la région de Québec élus sous la bannière du NPD le 2 mai ont tenu à rendre hommage à leur chef, à l'occasion d'un point de presse.

Aucun n'a dit avoir été mis au parfum de l'aggravation de l'état de santé de M. Layton, avant l'annonce publique de son décès lundi matin.

«C'était vraiment un très, très grand homme. Cela fait longtemps qu'on n'avait pas vu en politique un personnage comme lui», selon la députée de Québec, Annick Papillon, qui trouvait son chef «tellement inspirant».

«M. Layton avait des principes et ces principes-là tous les députés les partagent, puis on va continuer à les porter», a commenté le député de Louis-Hébert, Denis Blanchet, réticent à parler de la suite des choses, tout comme ses autres collègues.

«La perte est énorme», a renchéri le député de Beauport-Limoilou, Raymond Côté. «M. Layton avait vraiment bâti une oeuvre importante pour reconstruire le Nouveau Parti démocratique», a-t-il ajouté.

«On se trouvait privilégiés de l'avoir comme chef et de l'avoir comme ami, de pouvoir le côtoyer», a conclu M. Côté.

Le président du caucus québécois du NPD et député de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, Guy Caron, a dit que le caucus se sentait «orphelin».

Jack Layton a amené les gens à «voir la politique autrement», loin du cynisme ambiant, a-t-il fait valoir.

Le mot «sincérité» est celui qui le définit le mieux son chef, selon M. Caron, qui voit en M. Layton un leader qui aura marqué la scène politique comme aucun autre leader politique canadien.

À compter de maintenant, selon lui, le parti doit donc continuer «dans la même direction, celle qu'il a tracée».