Après 50 jours d'inondations, les autorités planchent activement à organiser la réintégration des sinistrés évacués et les grandes corvées de nettoyage en Montérégie.

«Cinquante jours, c'est long... Heureusement, on voit le soleil au bout du Richelieu!», a lancé hier le député de Huntingdon, Stéphane Billette, lors du point de presse quotidien de la Sécurité civile.

«Le niveau baisse de façon lente et constante tous les jours. C'est encourageant, le moral des gens revient. On tombe maintenant à la deuxième étape: l'opération nettoyage et réintégration des gens dans leur domicile. C'est une étape que les gens attendaient depuis fort longtemps et qui débutera au cours des prochains jours», a-t-il précisé.

Dans les derniers jours, le millier de sinistrés qui ont été obligés (ou fortement pressés) par les autorités de quitter leur domicile ont reçu une pochette d'information qui leur explique les étapes à suivre une fois de retour chez eux.

«C'est sûr et certain que lorsqu'une boîte de disjoncteur a été sous l'eau un mois de temps, on ne remet pas l'interrupteur de façon automatique, a cité en exemple le député Billette. Il y a des mesures, il y a des experts pour les soutenir, donc c'est important de bien suivre les démarches et de s'assurer que la réintégration se fasse en respectant la santé et la sécurité.»

»Ça fait du bien»

Traude Sylvestre, octogénaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, est rentrée chez elle ce week-end après une absence de près d'un mois. «Je m'ennuyais de ma maison, ça fait du bien», a-t-elle laissé tomber. Aujourd'hui, son beau-fils commencera à enlever les murs et le tapis de son sous-sol afin de prévenir les moisissures. «Tout ça est vraiment stressant, mais il ne faut pas se laisser abattre.»

Sa voisine d'en face, également une personne âgée qui vit seule, a également regagné son domicile hier, et ce, même si l'eau encerclait toujours sa demeure.

«C'est frustrant, car lorsqu'on quitte sa maison, on est encore ici d'esprit», a expliqué Terry Giroux. «L'état de la maison occupait mes pensées sans arrêt. Donc je suis contente d'être revenue», a expliqué la dame alors qu'elle prenait un bain de soleil sur son balcon. «Une chance que mes voisins ont été là pour s'occuper de moi et de la paperasse pour le gouvernement. Sans eux, je n'aurais pas su quoi faire ni quoi remplir comme formulaire. C'est beau de voir l'entraide qui existe dans le quartier.»

Le niveau du Richelieu continue de baisser

Certaines rues de Saint-Jean-sur-Richelieu avaient des allures de champ de bataille hier après-midi. Maintenant que l'eau s'est retirée de plusieurs secteurs, les digues de poches de sable ressemblaient à de véritables tranchées construites autour des maisons. Hier, plusieurs s'affairaient à démonter leurs barrières de défense contre l'eau. Lors du passage de La Presse, des milliers de poches de sable jonchaient la bordure des rues ou étaient savamment empilées sur des palettes de bois.

«On est prêts à passer à autre chose», a dit Nicole Potvin alors que son fils Daniel s'affairait à retirer les sacs de son terrain. «Le dernier mois a vraiment été effroyable.»

Samedi, le niveau de la rivière Richelieu a connu une baisse de 4 centimètres. On prévoyait hier que l'eau descende encore de 2 à 4 centimètres. Le 23 mai dernier, la crue avait atteint un niveau historique de 30,7 mètres. Hier, le niveau était de 30,4 mètres. Selon la Sécurité civile, le niveau moyen de la rivière à ce temps-ci de l'année est de 29,3 mètres.