Le climat de peur sur les chantiers de la Côte-Nord persiste encore à ce jour. Un entrepreneur a rapporté, cet après-midi, devant la Commission Charbonneau, de nombreux bris d'équipement survenu il y a à peine trois semaines sur le chantier de la Romaine.

Marcel Pouliot, président de Couillard construction, a raconté un incident mystérieux où l'une de ses foreuses a été renversée durant la nuit. Coût des dommages : 75 000$. 

La veille, il avait congédié un employé. Il s'est également récemment brouillé avec le chef syndical Bernard « Rambo » Gauthier, car il a choisi la main d'oeuvre sans passer par son local syndical, affilié à la FTQ-Construction.

« Personne n'a revendiqué l'accident. Il faut croire que ça été fait par monsieur Muet et monsieur Invisible », a-t-il témoigné.

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Bernard «Rambo» Gauthier

M. Pouliot a aussi rapporté que deux de ses camions avaient fait un face-à-face et qu'un autre avait fait une sortie de route.

« Ce sont des drôles de hasard », a-t-il ajouté. « Ça se peut que ce soit des vrais accidents, mais mon directeur des finances m'a dit : c'est drôle, il y a le double d'accidents sur ton chantier que sur des chantiers similaires. »

52 000$ pour le transport de la soupe chaude

La soupe chaude est revenue sur le menu de la commission Charbonneau aujourd'hui. L'entrepreneur Marcel Pouliot, qui est à la barre depuis ce matin, s'est plaint de devoir débourser 52 000$ annuellement pour le transport du précieux bouillon sur le chantier de la Romaine.

Sans soupe chaude, les ouvriers refusent de travailler, a-t-il dit. Hydro-Québec fournit la soupe sur ses chantiers, mais les entrepreneurs doivent en assurer le transport.

Sur le chantier de la Romaine, Marcel Pouliot doit dédier un employé journalier (payé à 75$ de l'heure) pour faire le transport de la soupe. L'employé doit s'arrêter à plusieurs roulottes sur un tronçon de 20 km. Selon ses calculs, le coût de l'opération est donc de 52 000$ par année.

« La soupe, la soupe, on en parle et on en parle, mais moi dans ma soumission, je n'ai jamais prévu ça », a-t-il témoigné.

En après-midi, on a toutefois appris que le transport de la soupe était bel et bien prévu dans les appels d'offres de la société d'État.

Ce matin, Bernard Gauthier a affirmé au sujet de la soupe chaude : « c'est réconfortant après deux trois mois dans le bois ».

Rambo « heureux » de son témoignage

Le chef syndical Bernard « Rambo » Gauthier a terminé son témoignage devant la commission Charbonneau ce matin.

« Je suis comme heureux que ce soit fini », a-t-il laissé tomber avant de quitter les lieux en refusant de répondre aux questions des journalistes. « Je travaille pour ma région, il y a ben des médias dans notre région donc on va leur parler. »

Bernard Gauthier est le représentant du local 791 des opérateurs de machinerie lourde de la Côte-Nord, affilié à la FTQ-Construction. Ses méthodes « musclées » ont été mises sous les projecteurs au cours des dernières semaines.

En contre-interrogatoire, l'avocat de la FTQ-Construction, Me Robert Laurin, lui a redemandé si son patron, le directeur général du local 791 pour l'ensemble du Québec, Bernard Girard, l'avait déjà réprimandé. Non, a-t-il répondu outre quelques conversations téléphoniques échauffées.

« Rambo » pense qu'il ne s'est jamais fait punir pour ses actions, car les adhésions à son syndicat ont augmenté sous son règne.

« La journée où il vont me sacrer dehors, les gars sur la Côte-Nord, ils vont changer de syndicat », a-t-il dit. « Si je décolle de là, qu'est-ce que vous pensez  qu'il va arriver? Je suis la grande gueule de la Côte-Nord, le porte-parole des travailleurs. »