Un entrepreneur de l'Estrie a témoigné devant la commission Charbonneau des graves répercussions de l'intimidation dont il a été victime en 2010. Jocelyn Anctil a perdu près de 900 000$ en plus de frôler la faillite après avoir été la cible d'une vague d'incendies criminels.

Jocelyn Anctil travaille dans le milieu des matériaux de construction depuis 1978, quand il a racheté l'entreprise familiale fondée par son grand-père, en 1935. De 5 employés à son arrivée, il en compte aujourd'hui près de 600.

Cette réussite est passée bien près de s'effondrer quand une mystérieuse série d'incendies criminels a visé ses commerces en 2010. Plusieurs de ses propriétés ont été victimes d'incendies, principalement ses réserves de ponceaux de plastique, produits utilisés dans l'assainissement des eaux dans les régions rurales.

Les soupçons se tournent rapidement vers une entreprise rivale : les Ponceaux de l'Estrie, dirigée par un certain Raymond «Ray» Coulombe. L'homme, décédé de causes naturelles depuis, était bien connu des policiers pour ses activités criminelles, ce qui lui avait valu le surnom du «caïd de Stukely-Sud».

Jocelyn Anctil apprend de ses clients que son rival au tempérament bouillant lui en veut beaucoup de lui faire compétition. Certains lui rapportent que Ray Coulombe les appelle pour les engueuler d'avoir préféré de faire affaire avec Anctil.

Son usine de maisons préfabriquées, Maisons Orford, est complètement détruite par un incendie criminel et plusieurs réserves de ponceaux partent en fumée.

Jocelyn Anctil dit avoir compris le message : il cesse de participer aux appels d'offres auxquels participent les Ponceaux de l'Estrie ou gonfle artificiellement ses prix pour s'assurer de ne pas gagner. Il évalue avoir perdu pour 457 000$ en ventes de ponceaux.

«Ç'a baissé notre chiffre d'affaires. On s'est demandé si ça valait la peine de se battre pour des ponceaux. Au point d'abandonner», dit Anctil.

Gestion J. Anctil frôle la faillite quand son assureur, échaudé par les incendies criminels, refuse de renouveler sa couverture, risquant d'entraîner des complications auprès des banques. L'assureur a finalement accepté de renouveler sa couverture, moyennant une hausse de ses primes d'assurance de 25%.

Même si Ray Coulombe est aujourd'hui décédé, Jocelyn Anctil avoue être encore ébranlé par cette vague d'incendies. «On est encore un peu sous la menace. Juste ma présence ici...» L'entrepreneur demande à la Commission de recommander à ce que même les entreprises puissent être protégées par le gouvernement, à l'instar de la protection accordée aux victimes d'actes criminels. 

Non-publication

Les six prochains témoignages sont frappés d'une ordonnance de non-publication. Le sergent-enquêteur Simon Riverin a commencé à décrire le projet Écrevisse qui visait à démanteler une organisation criminelle en Abitibi.

Malgré l'ordonnance de non-publication, le public peut assister en personne aux audiences de la Commission puisqu'un huis clos n'a pas été décrété. Les gens présents dans la salle d'audience doivent toutefois prendre soin d'éviter de diffuser sur les réseaux sociaux de l'information entendue durant les audiences, ce qui viendrait à l'encontre de l'interdit de publication.