Le scénario d'une cérémonie religieuse commune pour les six victimes du massacre commis à la mosquée de Sainte-Foy a été étudié lors d'une rencontre entre des leaders de la communauté musulmane et le maire Régis Labeaume, hier.

« Tous les paliers de gouvernement sont très ouverts là-dessus », a indiqué le vice-président du Centre culturel islamique de Québec, Mohamed Labidi, à la sortie de cette réunion à l'hôtel de ville. Selon lui, M. Labeaume s'est engagé à ce que « le lieu soit offert par la Ville ».

« On a donné les caractéristiques qu'on veut et eux cherchent un lieu (...). Si on va faire une cérémonie religieuse ici à la ville de Québec pour plusieurs défunts, il y aura des milliers de gens qui vont vouloir prier. Il faudra un endroit » approprié, a affirmé M. Labidi. Il estime qu'entre 4000 et 5000 membres de la communauté musulmane seraient présents si une telle cérémonie avait lieu.

Mais pour le moment, « ce n'est pas officiel, c'est quelque chose qui se trame ». Les familles devront toutes donner leur accord, ce qui n'est pas acquis pour le moment, selon M. Labidi.

LE CORONER

Les corps de cinq des six victimes de la tragédie ont été libérés par le Bureau du coroner hier après-midi. « Les familles sont donc libres d'en prendre possession au moment qui leur convient par l'entremise de la maison funéraire de leur choix. Ces décisions leur appartiennent », a indiqué une porte-parole, Geneviève Guilbault. Une sixième et dernière autopsie est prévue aujourd'hui.

Les familles et des leaders de la communauté musulmane ont déploré la "lenteur" des autorités à remettre les corps, a affirmé M. Labidi. Ces délais, « ça pose un problème. Une fois la personne décédée il faut qu'elle soit inhumée le plus tôt possible. (...) »

« Dans notre religion, quand nous avons les corps, il faut les préparer pour la prière. Jusqu'à ce qu'ils nous donnent les corps, nous devons attendre », a dit Mohamed Labidi.

Mais selon lui, les familles ont été somme toute « compréhensives ».

« On essaie toujours de tenir compte des spécificités religieuses ou autres, mais on ne peut pas non plus subordonner les besoins de l'enquête et de l'autopsie à des demandes comme ça », a réagi Geneviève Guilbault.

LA SCÈNE DE CRIME

Fait étonnant, les corps de quatre victimes se trouvaient toujours dans la mosquée lorsque des milliers de personnes ont convergé sur les lieux pour un rassemblement lundi soir. Ces corps ont finalement été transportés à Québec à 23 h, plus de 48 heures après le massacre, pour être conduits finalement dans les locaux du coroner à Montréal.

Le Bureau du coroner explique que les forces policières voulaient « préserver la scène de crime ». « Comme les quatre corps étaient encore dans la mosquée, c'était compliqué, on ne pouvait pas entrer tout de suite sur la scène parce qu'il y avait toutes ces préoccupations, les mandats, il fallait que certaines personnes y aillent en premier. Donc ce n'était pas possible de transporter tout de suite les corps », a expliqué Geneviève Guilbault.

La même raison explique selon elle le délai qui a été nécessaire au coroner pour confirmer l'identité de toutes les victimes. Ce fut fait lundi après-midi.

Les corps de deux autres victimes qui ont rendu leur dernier souffle à l'hôpital ont été acheminés plus tôt à Montréal, en fin de journée lundi. Tous les corps ont été transportés à la morgue de la métropole.

Des familles ont informé les autorités de leurs intentions quant à la façon de disposer des corps. Certaines veulent un enterrement dans le pays d'origine de leur proche.

- Avec Tristan Péloquin