(Saguenay et Montréal) Le nombre de patients hospitalisés et atteints de la COVID-19 a presque triplé depuis le mois d’août, passant de quelque 300 à 900 en trois semaines. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, se prépare à affronter une hausse des cas et pérennise 100 centres de vaccination.

« Je vois les chiffres et ce que [l’Organisation mondiale de la santé (OMS)] a dit hier. Ça va augmenter », a indiqué le ministre, en marge d’une réunion du caucus caquiste à Saguenay. L’OMS s’est inquiétée jeudi de « tendances préoccupantes » concernant la COVID-19 à l’approche de l’hiver.

« Les Québécois nous demandent d’être prêts. Et je pense que pour être prêt, peu importe ce que sera cette hausse, […] le meilleur remède [demeure] la vaccination. Nous disons aux Québécois : nous serons prêts à vacciner », a-t-il ajouté.

Le ministre Christian Dubé s’attend à vacciner environ 10 000 Québécois par jour à l’automne lorsque le Québec recevra une nouvelle version du vaccin adaptée aux variants en circulation. Au plus fort de la pandémie, Québec vaccinait quelque 150 000 personnes par jour.

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Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé

Une campagne de vaccination massive n’est pas envisagée pour l’instant. « Ce n’est pas à moi de déterminer ça », a nuancé le ministre, expliquant qu’il s’agit de la responsabilité du directeur national de santé publique, le DLuc Boileau.

Est-ce qu’on aura besoin de vacciner tout le monde ou seulement les plus vulnérables ? Ce sera une décision du D[Luc] Boileau.

Christian Dubé, ministre de la Santé

La campagne de vaccination d’octobre s’adressera notamment aux personnes « vulnérables » ou « à risque » de développer des complications à la suite d’une infection. Québec assure que le vaccin sera disponible pour toutes les personnes qui souhaitent le recevoir, que ce soit dans un centre de vaccination ou en pharmacie.

Hausse des cas

M. Dubé a par ailleurs souligné que le nombre de personnes hospitalisées et atteintes de la COVID-19 était passé de 364 à la fin du mois de juillet à quelque 900 maintenant. Ce nombre inclut les patients qui se sont présentés à l’hôpital pour une autre raison que le virus. Point positif : le nombre de patients aux soins intensifs ne « bouge » pas tellement, a-t-il souligné.

Je ne veux pas inquiéter la population parce que ce n’est pas drôle, ce qu’on a vécu pendant trois ans. On a beau essayer de l’oublier, c’est toujours présent à notre esprit, ce qu’on a vécu. C’est pour ça qu’on a préparé cet été la pérennisation de nos centres. Ce que la population nous demande, c’est d’être prêts.

Christian Dubé, ministre de la Santé

Le Québec connaît une vague de propagation de la COVID-19 depuis la fin de juillet. Au cours de la dernière semaine, le nombre de cas dépistés par tests PCR a augmenté de 25 %, selon les données hebdomadaires de l’Institut national de santé publique. La hausse touche toutes les tranches d’âge. L’accès aux tests PCR étant très limité, ces données ne représentent qu’une faible partie des infections.

Les sondages menés auprès de milliers de Québécois révèlent que 20 000 personnes étaient infectées quotidiennement en moyenne dans la semaine du 20 au 26 août.

Immunité diminuée

Selon Alain Lamarre, professeur et chercheur spécialisé en immunologie et en virologie à l’Institut national de la recherche scientifique, la montée des infections est due aux nouveaux variants « très transmissibles » qui circulent au Québec comme partout dans le monde, le plus récent étant Eris, qui est maintenant bien installé dans la province.

« La plupart des gens ont aussi été vaccinés il y a plus de six mois, donc leur immunité a clairement diminué depuis. Ça va être important que ces personnes reprennent une dose cet automne. On parle encore d’une infection respiratoire classique pour la majorité, mais la crainte, c’est toujours que les plus vulnérables l’attrapent en masse », évoque M. Lamarre.

Dans l’immédiat, ajoute l’expert, la hausse des infections et des hospitalisations entraînera forcément une hausse des décès COVID. « Il y a toujours un délai d’une ou deux semaines entre ces deux courbes-là, donc c’est à prévoir, malheureusement. L’histoire nous le rappelle », insiste le professeur.

Il invite d’ailleurs Québec à « revoir » sa politique de distribution des autotests pour permettre au moins de freiner partiellement la vague de propagation. Depuis le printemps, les pharmacies ont cessé de distribuer gratuitement des boîtes d’autotests à toute la population, mais les personnes à la santé précaire y ont toujours accès. Il faut désormais se rendre dans l’un des centres de vaccination pour en recevoir gratuitement.

Centre de vaccination à vocation élargie

Le ministre Christian Dubé a annoncé vendredi la pérennisation de 100 centres de vaccination qui disposeront d’une vocation élargie. Le gouvernement Legault avait réservé 272 millions dans le dernier budget Girard pour garder ouverts les centres de vaccination et de dépistage où l’on ajoutera des activités de prévention et d’autres services de première ligne pour désengorger le système hospitalier. Les trois quarts de cette enveloppe seront dépensés en salaire et le reste, en location de locaux.

La prise de rendez-vous se fera sur la plateforme Clic Santé. Il sera possible de se faire vacciner contre la COVID-19, l’influenza et le zona. Les cliniques conservent aussi la vocation de dépistage. On ajoute cependant des services de prélèvement (de sang, de selles et d’urine, par exemple). C’est aussi à cet endroit qu’il sera possible d’obtenir gratuitement une trousse de tests rapides pour détecter la COVID-19.

« On a environ 400 sites de prélèvement au Québec que les gens connaissent bien, dans les hôpitaux et les CLSC », a expliqué M. Dubé. Avec l’ajout des nouveaux centres, le ministre de la Santé espère désengorger les hôpitaux – surtout à l’approche de l’automne – et réduire les délais d’attente pour un prélèvement. Ce sont essentiellement les travailleurs embauchés par l’entremise de « Je contribue » qui y seront affectés.

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse

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  • 10 000
    C’est le nombre de travailleurs recrutés par le truchement de la plateforme « Je contribue » qui sont toujours au service du réseau dans les cliniques de vaccination et au centre d’appel 811, selon Christian Dubé. Le personnel de « Je contribue » demeure exceptionnellement employé par le réseau en vertu d’une entente entre le gouvernement et les syndicats, en vigueur jusqu’au renouvellement des conventions collectives.