En pleine reprise épidémiologique de la COVID-19, les autotests se font plus difficiles à trouver en pharmacie. Mais surtout, les gens qui souhaitent déterminer si leurs symptômes sont dus au coronavirus doivent s’attendre à débourser une quarantaine de dollars pour une boîte de cinq tests, a constaté La Presse.

Depuis le printemps, les pharmacies ont cessé de distribuer gratuitement des boîtes d’autotests à toute la population – les personnes à la santé précaire y ont toujours accès. Il faut désormais se rendre dans l’un des centres de vaccination pour en recevoir gratuitement.

Des lecteurs de La Presse nous ont écrit pour nous faire part de leur étonnement lorsqu’ils ont voulu se procurer récemment une boîte d’autotests en pharmacie. C’est le cas de Nathalie Lachance, de Montréal, à qui cette nouvelle avait échappé lorsqu’elle avait été annoncée, en mai dernier. Lorsqu’elle s’est rendue en pharmacie lundi dernier, elle a dû débourser 7 $ pour un seul test (et non une boîte).

« C’est une drôle de décision, avec les cas qui remontent », dit Mme Lachance, dont le test s’est révélé positif. « Si les gens ne se testent pas parce qu’ils ne peuvent pas payer… »

Et la facture peut être salée. « Nous savions qu’ils n’étaient plus “gratuits”, mais à 42 $ la boîte de cinq tests, est-ce la “normale” qui nous attend ? », demande Denise Thériault.

Dans la douzaine de pharmacies contactées par La Presse, la plupart n’offraient même plus de tests rapides à vendre à leurs clients. Beaucoup offraient cependant des tests gratuits aux personnes à risque.

Selon les directives du ministère de la Santé et des Services sociaux, certaines clientèles peuvent toujours obtenir des tests gratuits en pharmacie. Parmi elles, les aînés, les personnes immunosupprimées, les enfants et les étudiants jusqu’à 25 ans. Les tests rapides sont aussi distribués gratuitement dans les écoles et les centres de la petite enfance.

Que faire lorsqu’on souhaite savoir quel virus nous est tombé dessus lorsqu’on n’entre dans aucune des cases désignées ? Il faut désormais se rendre dans un des centres de vaccination, qui distribuent toujours des boîtes gratuites de tests rapides à l’ensemble de la population.

Demande à la baisse

Plusieurs fabricants d’autotests antigéniques sont homologués par Santé Canada. Le prix de leurs produits varie selon les marques, mais la technologie reste essentiellement la même. « Le problème, ce n’est pas l’approvisionnement en tests, c’est que la demande pour des autotests en pharmacie est très faible », dit Benoît Morin, président de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires.

« Les gens se testent beaucoup moins, dit M. Morin. Ils s’isolent, mais ne se testent pas autant. Ce qui est, en fait, une bonne démarche, à moins d’avoir une situation particulière où on ne peut pas éviter des contacts. Autrement, si on est symptomatique, il faut s’isoler, peu importe le résultat du test. »

Les directives gouvernementales ne recommandent plus l’utilisation d’un test rapide pour toutes les personnes qui présentent des symptômes de la COVID-19. Sur le site du gouvernement, on recommande aux personnes de passer un test seulement si elles n’ont jamais eu la COVID-19, si elles sont en contact avec des personnes vulnérables ou si elles souhaitent prendre le médicament Paxlovid pour diminuer les risques de complications.

Vague estivale

L’accès plus limité aux autotests survient alors que le Québec continue à connaître une vague estivale de COVID-19. Depuis le mois d’août, les cas dépistés par des tests PCR augmentent de semaine en semaine. Le dépistage dans les eaux usées de Montréal et de Québec montre également des hausses claires de la présence du coronavirus.

Le nombre de personnes hospitalisées avec la COVID-19 continue également à augmenter. On dénombre en ce moment 738 patients positifs, soit une centaine de plus qu’il y a une semaine. En revanche, seulement 15 d’entre eux se trouvent aux soins intensifs.

La COVID-19 cause actuellement trois décès par jour en moyenne, selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec. Tout comme depuis le début de la pandémie, les morts se concentrent chez les aînés, particulièrement ceux de 80 ans et plus.

Les autotests ailleurs dans le monde

France

Depuis mars, les autotests ne sont plus systématiquement remboursés à 100 %. Ils restent gratuits pour les aînés, les personnes immunosupprimées et les travailleurs de la santé. Ils coûtent entre 3 et 5 euros en pharmacie (entre 4 $ et 7 $ CAN).

Ontario

La distribution à grande échelle de tests rapides gratuits a pris fin en juin. Selon les directives du gouvernement ontarien, les personnes susceptibles de souffrir de conséquences graves de la COVID-19 continuent d’avoir gratuitement accès à des tests antigéniques rapides.

Combien de temps un test rapide peut-il être conservé ?

  • La majorité des tests rapides peuvent être conservés et utilisés pendant les 24 mois qui suivent leur fabrication.
  • La date de fabrication des tests est indiquée sur chaque boîte, avec l’inscription MFG.
  • Les tests rapides dont la durée de conservation est dépassée peuvent être jetés à la poubelle.

Source : ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec

Avec Pierre-André Normandin, La Presse