L’arrivée du variant Omicron à la fin de 2021 a multiplié par sept le nombre d’hospitalisations dues à la COVID-19 chez les jeunes enfants au Canada, révèle une nouvelle étude parue ce jeudi.

Le nombre de séjours à l’hôpital chez les enfants de 0 à 4 ans dus au virus est ainsi passé de 325 en 2020-2021 à 2315 en 2021-2022, une augmentation de plus de 600 %. En raison de cette hausse marquée, la COVID-19 s’est hissée au 6e rang des causes d’hospitalisation les plus fréquentes chez les enfants, selon le plus récent rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

Cette tendance à la hausse, la Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre au CHU Sainte-Justine, l’a observée sur le terrain. « Avant Omicron, les enfants avaient été relativement peu touchés. Pendant Omicron, il y a eu une grosse hausse des cas d’infections et donc, en [conséquence], plus d’hospitalisations aussi », explique la spécialiste.

Lors de cette période, de 10 à 12 enfants étaient admis chaque jour au CHU Sainte-Justine pour une infection liée à la COVID-19, se remémore la Dre Quach-Thanh.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

La Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre au CHU Sainte-Justine

[Les enfants] n’étaient pas nécessairement plus malades, mais il y en avait beaucoup plus qu’auparavant.

La Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre au CHU Sainte-Justine

Cette hausse des hospitalisations dues aux maladies d’origine virale a également coïncidé avec le relâchement progressif des mesures de santé publique à l’échelle du pays, note Nathalie Grandvaux, chercheuse au laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales du CHUM.

Infections respiratoires en hausse

Par ailleurs, les infections respiratoires, dont la pneumonie, et d’autres infections virales se sont également taillé une place parmi les 10 principaux diagnostics ayant nécessité un séjour à l’hôpital chez les jeunes enfants. Ils n’y figuraient pourtant pas lors de la première année de la pandémie.

Des résultats qui n’étonnent pas la Dre Quach-Thanh. « Dans la première année, on n’avait à peu près pas d’autres virus respiratoires qui circulaient. Avec le relâchement des mesures sanitaires, on a vu réapparaître tous les virus qui ne s’étaient pas pointé le bout du nez », dit-elle.

Dans les derniers mois, le nombre d’hospitalisations liées à la COVID-19 chez les enfants a fortement diminué, mais les virus respiratoires restent présents. « Je n’en ai presque plus de cas hospitalisés de COVID-19. On les compte sur les doigts d’une main. Les enfants sont plutôt hospitalisés pour les autres virus respiratoires », observe la Dre Quach-Thanh.

Les hospitalisations en hausse avec Omicron

Pendant la vague Omicron, les adultes n’ont pas non plus été épargnés par la COVID-19. Depuis le début de la pandémie, les trois quarts des Québécois de 60 ans et moins ont contracté le virus, la majorité des infections ayant eu lieu dans la dernière année.

Lors du passage d’Omicron, le virus est devenu le principal motif d’hospitalisation au pays (tous groupes d’âge confondus) après l’accouchement, au premier rang. L’année précédente, le virus se trouvait plutôt en septième position.

Le nombre de séjours à l’hôpital lié à la COVID-19 est ainsi passé de 47 715 en 2020-2021 à 77 344 en 2021-2022, une hausse de plus de 60 %. « La durée moyenne de leur séjour à l’hôpital était de 10 jours », a indiqué Tanya Khan, gestionnaire des opérations des bases de données clinico-administratives à l’ICIS.

Les hospitalisations liées à la COVID-19 se stabilisent

À l’heure actuelle, le nombre de Québécois hospitalisés avec la COVID-19 tend à se stabiliser après un mois et demi de baisse. Mercredi, le Québec dénombrait 1324 personnes hospitalisées s’étant révélées positives à la COVID-19, soit une tendance stable sur une semaine. De ce nombre, 479 patients ont été hospitalisés directement en raison de leur infection, les autres ayant été admis pour une autre raison. Si l’ensemble des hospitalisations se stabilise, celles dues directement à la COVID-19 sont en hausse de 12 % sur une semaine. Cette stabilisation des hospitalisations semble ainsi mettre fin à l’embellie observée depuis la mi-janvier, lorsque la situation dans les hôpitaux se détendait peu à peu. L’Institut national d’excellence en santé publique (INESSS), qui analyse l’impact de la COVID-19 sur le réseau hospitalier, s’attend d’ailleurs à un léger regain d’activité dans les prochaines semaines. Sa plus récente mise à jour prévoit « une légère augmentation des nouvelles hospitalisations au cours des deux prochaines semaines ». Le nombre de morts liées à la COVID-19 est également stable. Les cinq décès rapportés mercredi portent la moyenne quotidienne calculée sur sept jours à six, soit autant qu’il y a une semaine.

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse