Le temps passe, les variants circulent, les doses de rappel s’accumulent. En début d’année, de nouvelles recommandations seront diffusées quant à la fréquence d’administration des doses de rappel de vaccin contre la COVID-19. En attendant, quatre questions à se poser pour décider s’il est temps d’en recevoir une.

Combien de temps s’est-il écoulé depuis votre dernière dose ?

Lancée le 15 août dernier, la campagne automnale de vaccination québécoise a invité tous les adultes à recevoir une dose de rappel si la dernière remontait « à plus de cinq mois ».

Du côté du gouvernement fédéral, les consignes distribuées par la poste ces jours-ci recommandent une dose de rappel si la dernière dose ou la dernière infection à la COVID-19 « remonte à six mois ».

La consigne des « cinq mois » avait été établie en début d’automne par Québec pour des raisons plus logistiques que scientifiques. Les études sur la longévité des vaccins évaluent des périodes de six mois et montrent que l’efficacité contre les infections diminue plus rapidement que la protection contre les formes graves de la COVID-19. Cette dernière demeure élevée (80 %) plus de six mois après la vaccination.

Jusqu’à nouvel ordre, donc, on recommande de recevoir une dose de rappel si plus de cinq mois se sont écoulés depuis la dernière dose, et plus de trois mois après une infection à la COVID-19. Mais de nouvelles consignes seront diffusées en début d’année à la lumière de la prévalence du virus cet hiver. Le Comité d’immunisation du Québec (CIQ) doit remettre cette semaine des recommandations au gouvernement sur la stratégie vaccinale à adopter après cette campagne automnale.

Avez-vous déjà eu la COVID-19 ?

Pour l’épidémiologiste Gaston De Serres, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), un résultat de test positif (PCR ou antigène) à la COVID-19 est toujours un élément important à prendre en compte pour évaluer sa protection. Avoir vaincu à au moins une reprise un assaut du virus SARS-CoV-2, surtout si on a reçu la vaccination de base, confère une « très bonne protection contre le risque de conséquences graves » lors d’une exposition subséquente, dit le spécialiste.

Selon des mesures de séroprévalence publiées en octobre, les trois quarts de la population québécoise ont contracté au moins une infection à la COVID-19 depuis 2020. « Il reste un pourcentage minime de la population qui est vaccinée, mais qui n’a pas contracté le virus », dit Donald Vinh, infectiologue et microbiologiste au Centre universitaire de santé McGill.

Si une infection à la COVID-19 survenue en 2020 ou en 2021 continue de fournir une certaine protection, celle-ci n’est pas aussi robuste qu’une infection au variant Omicron, précise Donald Vinh. « L’infection compte surtout si on a été infecté après la troisième ou la quatrième dose », dit-il, ce qui correspond au moment où le variant Omicron est entré en scène, l’année dernière. Depuis le début de l’année, les souches de SARS-CoV-2 qui circulent sont des sous-variants d’Omicron.

D’ailleurs, les données publiées mardi sur le site medRxiv par l’équipe du chercheur Andrés Finzi, du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, confirment que l’immunité hybride (quatre doses de vaccin et infection récente à la COVID-19) engendre la meilleure réponse immunitaire au sous-variant BQ.1.1, qui sévit présentement au Québec.

Avez-vous déjà reçu le vaccin bivalent ?

Les vaccins administrés au début de la campagne de l’automne, le 15 août, étaient les vaccins « monovalents », soit ceux utilisés depuis le début de la campagne de vaccination, en décembre 2020. À partir de la mi-septembre, les vaccins dit « bivalents » – qui incluent la souche originale et une souche Omicron – ont commencé à être distribués.

Entre le début de la campagne et l’arrivée des nouveaux vaccins, une majorité de résidants de CHSLD (79 %) et de RPA (63 %) ont reçu le vaccin monovalent. Le dernier avis publié par le CIQ, le 5 décembre, recommande aux personnes qui ont reçu ce vaccin monovalent après le 15 août, et qui n’ont pas eu d’infection à la COVID-19, de recevoir le vaccin bivalent six mois après leur dernière dose.

Pour les personnes qui ont reçu ce vaccin monovalent cet automne et qui ont eu une infection à la COVID-19, « vous pouvez considérer que vous êtes bien protégés contre les risques graves de la COVID », dit le DDe Serres.

Si les données qui confirment la supériorité du vaccin bivalent sont attendues plus tard cet hiver, Donald Vinh évalue déjà que les personnes qui l’ont reçu sont mieux protégées que les autres. « Combien de temps va durer cette protection ? Ce n’est pas clair. S’il n’y a pas de nouveaux variants, la protection du vaccin bivalent pourrait durer plusieurs mois. »

« Au Québec, 70 % des gens n’ont pas reçu de dose de vaccin depuis cinq mois, rappelle-t-il. Et leur dernière dose n’était probablement pas le vaccin bivalent… Ça, c’est la recette qui pourrait causer un désastre. »

Êtes-vous immunosupprimé ?

Dans ce cas, pas de risque à prendre : mieux vaut suivre les recommandations de son médecin et aller chercher sa dose au bon moment. « On recommande à ces personnes d’avoir une dose de vaccin bivalent six mois après une dose de vaccin monovalent, qu’ils aient fait ou pas l’infection », dit Gaston De Serres.