Le bilan routier du Québec s’est légèrement amélioré en 2023, mais les 380 décès restent plus élevés que la situation observée avant la pandémie. Si le portrait est moins mortel chez les usagers vulnérables, il s’est toutefois fortement dégradé chez les plus jeunes.

C’est ce qu’on apprend dans le plus récent bilan routier de la Société de l’assurance automobile (SAAQ) rendu public ce mardi. D’emblée, l’organisme fait état de 380 décès, contre 398 en 2022. C’est toutefois encore nettement plus que dans les dernières années et même avant la pandémie. Bref, la tendance globale demeure en hausse dans les dernières années.

Environ 28 060 personnes ont été blessées l’an dernier, contre 28 543 en 2022. Du nombre, une grande majorité d’usagers ont subi des blessures légères, soit 26 790, un chiffre aussi en baisse sur une période d’une année. C’est aussi moins qu’avant la COVID-19 ; en 2019, on comptait 33 400 blessés légers.

Québec recense surtout plus de décès chez les automobilistes, à savoir 234 contre 216 en 2022, un bond de 8 %. C’est surtout une forte augmentation de 20 % par rapport à la moyenne de 2018 à 2022, qui est d’environ 194 décès. Ultimement, plus de 60 % des décès enregistrés dans le bilan routier sont des automobilistes.

Un enjeu préoccupant se pointe également chez les usagers de 15 à 24 ans, qui regroupent à eux seuls 59 décès, soit un bond de 20,4 % par rapport à 2022. C’est nettement plus que la moyenne des récentes années.

À l’autre bout du spectre, la situation s’améliore toutefois chez les 75 ans et plus. Le nombre de décès a diminué de presque 7 % sur une année dans ce groupe d’âge, mais reste en hausse de presque 10 % si on prend en compte la moyenne depuis 2018.

Moins d’usagers vulnérables, mais…

N’empêche, les efforts de protection des usagers vulnérables semblent commencer à porter leurs fruits, après le bilan le plus mortel en la matière en 15 ans, l’an dernier. On compte 63 décès chez les piétons en 2023, contre 82 en 2022, une diminution de 23 %. La moyenne de 2018 à 2022 pour cette catégorie est de 66 décès.

Chez les cyclistes, on fait état de dix décès, soit deux de moins qu’il y a deux ans. Là encore, cela représente une baisse par rapport à la moyenne des quatre dernières années, qui oscille autour de 12.

« Bien que le nombre de décès ait diminué, rappelons que 2022 a été marquée par le pire bilan pour les piétons en 15  ans. Chaque décès est une tragédie évitable et nous avons une responsabilité collective d’agir », a réagi la directrice générale de Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani. « Ces 63 vies perdues sont autant de raisons de multiplier les efforts. »

Le principe est sensiblement le même pour les motocyclistes, pour qui on recense une baisse de huit décès avec un total de 54 en 2023, ou encore les conducteurs de camions lourds, une catégorie regroupant six décès, contre 10 l’année précédente.

« C’est un bilan mitigé, une amélioration pour les usagers vulnérables, mais reste que ce bilan demeure le deuxième pire bilan en 10 ans, derrière celui de 2022. Il y a vraiment une prise de conscience individuelle qui doit être prise par rapport aux comportements qu’on adopte », a quant à lui jugé le porte-parole de CAA Québec, David Marcille.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

Dans son rapport, la SAAQ salue d’ailleurs l’adoption de la Stratégie nationale de sécurité routière, un projet phare de la ministre des Transports Geneviève Guilbault. Cette dernière veut augmenter les amendes pour des infractions contre les piétons et les cyclistes, mais aussi réduire la vitesse en zone scolaire et augmenter significativement le nombre de radars photo.

« Je suis très heureuse de constater que le bilan routier s’améliore au Québec. […] Je suis persuadée que nous avons tous les outils en main pour accroître la sécurité de tous », a réagi mardi la ministre Guilbault, en qualifiant toutefois la hausse du nombre de décès chez les 15 à 24 ans de « préoccupante ». « Nous poursuivrons nos actions de sensibilisation auprès de cette clientèle », a-t-elle assuré.

« L’amélioration du bilan routier est la preuve que la sensibilisation, jumelée au contrôle policier et au renforcement de la législation, amène un changement de comportement. Il faut poursuivre dans cette voie », a de son côté jugé le PDG de la SAAQ, Éric Ducharme, dans une déclaration.