Le cardinal Lacroix a été blanchi par le Vatican pour des allégations d’agression sexuelle. Cette enquête interne n’aura cependant « aucune conséquence » sur la procédure au civil en cours, selon l’avocat qui représente l’action collective dont fait partie la victime présumée.

Le Vatican avait confié à l’ancien juge de la Cour supérieure du Québec, André Denis, la responsabilité d’enquêter sur des allégations d’agression sexuelle formulées contre le cardinal Gérald Cyprien Lacroix. Les faits remontent à 1987-1988. La victime présumée, qui a choisi de rester anonyme, avait alors 17 ans.

À l’issue de son enquête, André Denis a remis au pape François un document dans lequel il conclut qu’il ne dispose pas de suffisamment d’éléments pour justifier la tenue d’un procès canonique. Le Vatican a donc blanchi le cardinal.

« Ma seule réserve [est] que je n’ai pu rencontrer la demanderesse comme j’aurais souhaité le faire. Je suis privé d’un élément de preuve important », a souligné le juge à la retraite dans un document remis aux membres des médias.

« Aucune conséquence » sur le procès civil

Le nom du cardinal Lacroix s’était retrouvé dans des documents judiciaires déposés le 26 janvier dernier dans le cadre d’une action collective intentée par de présumées victimes d’agressions sexuelles contre l’archidiocèse de Québec.

Le pape avait alors demandé à André Denis de se pencher sur les allégations visant le cardinal, niées par celui-ci. C’est la première fois, dans l’histoire récente de l’Église, que le Vatican choisit quelqu’un en dehors du clergé pour mener une telle enquête interne.

En entrevue avec La Presse, MAlain Arsenault, avocat en droit civil et représentant de l’action collective, a cependant soutenu que cette procédure n’aurait « aucune conséquence » sur le procès civil.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

MAlain Arsenault

« C’est le droit de la victime de choisir le lieu où elle veut se faire entendre », a-t-il ajouté. Lui-même lui a recommandé de ne pas répondre aux demandes de l’ex-juge dans le cadre de cette enquête, dont le processus est, selon lui, lourdement critiqué et peu crédible. « C’est un système interne dirigé par d’autres cardinaux qui enquêtent sur leurs copains. Ce n’est pas ça, l’indépendance », a-t-il lancé.

De son côté, l’Église catholique de Québec a indiqué dans un communiqué qu’elle prenait note des conclusions de l’enquête interne. Elle déplore les délais importants de la procédure judiciaire, provoqués par les ajouts de victimes présumées à l’action collective, et mentionne vouloir régler ces plaintes en dehors des tribunaux.

« Un tel règlement nous semble la meilleure façon de contribuer à la guérison des victimes », affirme Marc Pelchat, évêque auxiliaire de Québec. Il remplace en son absence le cardinal Lacroix, qui s’est retiré temporairement de ses fonctions à la fin de janvier.

Un dossier « sans reproche », selon l’enquête interne

« Ce rapport ne permet pas d’identifier quelque geste d’inconduite ou d’abus de la part du Cardinal Gérald C. Lacroix », a noté le Vatican dans un communiqué de presse.

André Denis explique notamment dans son rapport qu’il a interrogé de nombreuses personnes qui ont fréquenté le cardinal au cours de sa carrière, en particulier en 1987-1988, et qu’il a consulté les archives du diocèse de Québec et de l’Institut séculier Pie X. « Son dossier est sans reproche », a-t-il conclu.

« Dans ces archives, on trouve généralement ce qu’on veut bien nous montrer, et on ne trouve pas ce qu’on ne veut pas nous montrer », a souligné MArsenault.

À ce jour, l’action collective rassemble les plaintes de 147 victimes présumées – le cardinal Lacroix n’étant visé que par l’une d’entre elles. La date du procès au civil n’a pas encore été fixée. Le cardinal prévoit quant à lui de réagir « prochainement », selon le diocèse de Québec.

Avec des informations de La Presse Canadienne