L’Office québécois de la langue française (OQLF) défend son étude qui conclut que l’usage du français dans l’espace public est stable au Québec, mais reconnaît que le sondage ne dépeint pas nécessairement la réalité actuelle de la province.

L’OQLF a reconnu que le portrait du Québec que brosse son étude, intitulée Langue de l’espace public au Québec en 2022, est en décalage avec la réalité sociodémographique d’aujourd’hui. Dans un communiqué diffusé vendredi, l’Office a toutefois ajouté que « la réalisation d’une telle étude nécessite d’importantes ressources et s’échelonne sur deux à trois années ».

L’étude, publiée début avril, conclut que l’usage du français est stable : 79 % des Québécois utilisaient le plus souvent le français en 2022, l’année où le sondage a été réalisé. Cette proportion était la même en 2016 et en 2007. Le sondage révèle également que 73 % des Québécois disent avoir soit une bonne, soit une excellente maîtrise du français à l’oral.

Des résultats optimistes, qui contrastent avec le portrait sombre dépeint dans d’autres études.

Selon les données du recensement 2021 de Statistique Canada, la proportion de personnes qui utilisent le français comme première langue officielle parlée, un indicateur qui permet de mesurer la place du français dans l’espace public, avait diminué, depuis 2016, en passant de 83,7 % à 82,2 %.

En 2021, deux études de l’OQLF documentaient un important recul du français comme langue d’usage au Québec. Selon l’une d’entre elles, un Québécois sur deux utilisait l’anglais ou une autre langue que le français à son travail.

À contre-courant

La récente étude de l’OQLF a fait sourciller certains, dont le démographe Guillaume Marois, qui a suggéré de prendre l’étude « avec un gros grain de sel », dans une publication Facebook. Le titulaire d’un doctorat de l’Institut national de recherche scientifique (INRS) pointait notamment l’échantillon « relativement petit » de 7000 répondants et le mutisme de l’OQLF quant au taux de non-réponse de son sondage, alors qu’il était de 54 %, en 2016. « Normalement, on va considérer l’échantillon comme non fiable quand le chiffre dépasse les 30 % », écrivait Guillaume Marois.

Dans son communiqué, l’Office a apporté quelques correctifs à la section sur la méthodologie de sa récente étude, mais n’a pas abordé la question du taux de participation.

« Contrairement à ce qui a été mentionné par l’Office à la suite de la sortie de l’étude, la pondération a été effectuée à partir des données du recensement de 2021 », a précisé l’OQLF. Dans la section sur la méthodologie du document, l’OQLF précisait que c’étaient les données du recensement de 2016 qui avaient été utilisées.

« Les réalités sociodémographiques actuelles seront évidemment prises en considération dans les réflexions qui mèneront à la prochaine programmation de recherche de l’Office », a ajouté l’OQLF dans son communiqué.