Voies de fait, personnes en crise et consommation de drogues de plus en plus nocives : un cocktail dangereux qui fait peur aux usagers de la STM. Alors que l’été arrive, l’insécurité dans le réseau de transport est au cœur des préoccupations du SPVM, ont pu constater la mairesse de Montréal et d’autres élus municipaux, le temps d’une visite dans le métro à laquelle a assisté La Presse.

Mercredi matin se tient une discussion animée entre la mairesse de la métropole, des effectifs de la Section du métro du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et une poignée d’élus municipaux au poste de quartier situé près de la station Berri-UQAM.

La mairesse va droit au but. « Qu’est-ce qui explique ce sentiment d’insécurité là en ce moment ? », demande-t-elle à Joanne Matte, commandante de la Section du métro au SPVM.

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Intervention de policiers du SPVM à la station Beaudry, mercredi

« Le métro a toujours été un endroit où souvent des personnes vulnérables vont aller quêter, par exemple », poursuit Valérie Plante.

Il y a entre autres eu une hausse de l’itinérance, des dépendances aussi, durant la pandémie, selon la commandante.

Mais il ne s’agit plus seulement de sans-abri. On remarque des gens aux prises avec des troubles de santé mentale. Certains sont devenus au fil du temps des consommateurs. Les édicules sont des lieux de consommation, mais aussi de vente de stupéfiants, rappelle la commandante.

« C’est pourquoi la Section du métro du SPVM a changé d’approche en novembre dernier. On a dégagé les policiers des appels d’urgence, qu’on a redonnés aux postes de quartier. Une nouvelle stratégie qui permet d’enquêter, par exemple, sur le trafic de stupéfiants dans le métro, générateur de bien des fléaux. De se concentrer sur l’analyse de renseignements, qui permet par la suite des opérations ciblées. »

Récemment, la station Saint-Laurent était devenue tout d’un coup un pôle de consommation. « En partageant du renseignement, on a pu cibler ce problème-là. En trois semaines, on s’est coordonné avec des sites d’injection des alentours et on a arrêté des revendeurs », résume Joanne Matte.

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Joanne Matte, commandante de la Section du métro au SPVM

On n’est plus dans la simple réponse aux appels. On peut cibler la criminalité plus en profondeur.

Joanne Matte, commandante de la Section du métro au SPVM

Les utilisateurs du métro de Montréal ont aussi leur rôle à jouer en alertant les autorités de toute incivilité, infraction ou mauvaise expérience. « Les gens sont au cœur de ça. Ce qu’on dit à nos clients : signalez-nous. Il faut le dire quand il se passe quelque chose », insiste Éric Alan Caldwell, conseiller de la Ville de Montréal dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

Dégagés des appels d’urgence

La station Berri-UQAM est bondée vers midi. Des troupeaux d’écoliers et de travailleurs pressés émergent du wagon au moment où La Presse accompagne les patrouilleurs du SPVM et les deux intervenantes de l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (EMMIS) qui sont avec eux. Elles soutiennent les agents dans les moments où aucune infraction n’a été commise. « Parfois, on connaît les personnes interpellées par leur prénom. On peut les diriger vers des services adéquats », explique une intervenante.

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Usagers du métro à la station Berri-UQAM

Elles connaissent le métro de Montréal sur le bout des doigts. « Aujourd’hui, Frontenac, c’est tranquille. Beaudry, par exemple… », indique l’une d’elles à son collègue policier. Elle ne se trompe pas : à la station Beaudry, les portes du train s’ouvrent sur un homme évaché sur un banc. Dans sa main, trois pipes à crack. Il ne se cache pas pour consommer et sourcille à peine à la vue des agents de la paix. Le duo de patrouilleurs discute brièvement avec l’homme avant de lui passer les menottes aux poignets.

Cette interpellation durant la patrouille n’aurait peut-être pas eu lieu si les effectifs étaient submergés d’appels d’urgence. « Depuis qu’on a été dégagés des appels, il y a moins de laisser-aller. Cette visibilité qu’on a maintenant, c’est très important », estime le sergent Kevin de l’Étoile, de la Section du métro.

Habiter l’espace

L’insécurité règne aussi dans les espaces publics adjacents à certaines stations de métro. On peut penser au square Cabot, près de la station Atwater, ou à la place Émilie-Gamelin, aux abords de Berri-UQAM. La mairesse Valérie Plante en est consciente, mais demeure optimiste. Rétablir la quiétude avec une approche humaine et sociale est un travail de longue haleine. Plus les gens profiteront de ces espaces, plus le sentiment de sécurité reviendra.

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La mairesse de Montréal, Valérie Plante

« Une de nos forces à Montréal, c’est notre mixité et de pouvoir faire en sorte que l’espace public soit occupé », selon la mairesse.

La Ville, rappelle-t-elle, a lancé plusieurs initiatives l’hiver dernier pour rendre le secteur de la place Émilie-Gamelin davantage attrayant pour les familles, par exemple.