(Québec) Pour éviter des accidents et des cas de négligences dans des installations qui ne suivent pas des règles strictes en matière de sécurité, l’Association des camps du Québec (ACQ) demande au gouvernement de mettre fin à l’autoréglementation qui existe depuis toujours dans son industrie en instaurant un permis d’exploitation obligatoire et des exigences minimales pour encadrer les moniteurs qui travaillent auprès des enfants pendant la pause scolaire estivale.

Ce qu’il faut savoir

L’Association des camps du Québec (ACQ) demande au gouvernement d’encadrer leur industrie en instaurant un permis obligatoire avant l’ouverture d’une installation.

Selon l’ACQ, au moins 1000 camps pourraient fonctionner à ce jour sans être membres de leur association, et donc sans souscrire à des normes reconnues en matière de sécurité.

L’organisme propose à Québec de baliser la formation exigée des moniteurs avant qu’ils prennent en charge des groupes d’enfants dans les camps.

Ce n’est pas tous les jours qu’un secteur d’activités réclame un encadrement additionnel du gouvernement. Selon Éric Beauchemin, directeur général de l’ACQ, qui représente 443 organisations membres sur un total de 910 sites (dont 585 sites de camps municipaux), le projet de loi 45 déposé le mois dernier par la ministre du Sport, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest, est « une opportunité inédite » à ne pas manquer.

En entrevue avec La Presse, M. Beauchemin estime que le projet de loi, qui prévoit que tous les organismes ou entreprises qui œuvrent dans les sports et les loisirs vérifient les antécédents judiciaires des personnes appelées à travailler auprès des mineurs, ne va pas assez loin. Il sera présent ce mardi à Québec dans le cadre de la première journée des auditions publiques en commission parlementaire.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Éric Beauchemin, directeur général de l’Association des camps du Québec

En l’absence d’encadrement officiel, il est impossible d’assurer aux familles que la pratique des activités en camp est sécuritaire et, plus largement, que les camps le sont. N’importe qui peut accueillir des enfants et leur faire faire n’importe quoi, n’importe comment.

Éric Beauchemin, de l’Association des camps du Québec, dans son mémoire remis aux élus

À titre d’exemple, M. Beauchemin cite le cas d’un camp équestre en Montérégie qui a fait l’objet d’un article choc paru en octobre dernier dans Le journal de Chambly, puis d’un second reportage à l’émission J. E. de TVA. Dans ces enquêtes journalistiques, des parents dénonçaient des histoires de négligences, comme l’absence de surveillants à la piscine, des chambres sales ou l’exemple d’un enfant qui a été brûlé au visage alors qu’il était près d’un feu de camp qui avait été allumé à l’aide d’un bidon d’essence.

Un encadrement aléatoire

Les camps de vacances, camps de jour et camps familiaux membres de l’ACQ répondent déjà à ce jour à « plus de 80 normes sur la sécurité, les ratios d’encadrement, la formation du personnel d’animation, ainsi que la qualité des activités, de l’animation et des installations ». Mais comme aucune loi n’encadre spécifiquement les camps et qu’aucun registre n’est tenu, « on ne sait pas combien de camps sont en activité au Québec », affirme l’organisme, qui estime « qu’au moins 1000 camps pourraient être en activité en plus des camps membres de l’ACQ ».

Si Québec suit les recommandations de l’ACQ et impose aux camps l’obtention d’un permis d’exploitation obligatoire avant d’ouvrir leurs portes, l’organisme estime qu’il faudrait prévoir une somme d’environ 800 000 $ par année pour que ses inspecteurs visitent les installations tous les trois ans et s’assurent que des normes nationales en matière de sécurité soient respectées.

« Comme le nombre de camps en activité au Québec est inconnu, il est impossible d’indiquer avec précision la fréquentation des camps d’été. Il est toutefois possible d’estimer, très prudemment, en s’appuyant sur des chiffres de 2018 […], que plus de 400 000 personnes (très majoritairement des enfants) fréquentent les camps du Québec durant l’été », estime l’ACQ.

Selon l’organisme, « 200 000 participants, soit la moitié des personnes qui fréquentent les camps en été, se trouveraient dans des camps fonctionnant en dehors de tout cadre de contrôle de sécurité », ce qui ne veut pas dire, par contre, que ces installations sont inadéquates sur le plan de la sécurité comme dans le cas rapporté en Montérégie.

Des balises pour les moniteurs

Selon Éric Beauchemin, les dispositions prévues dans le projet de loi 45 de la ministre Charest relativement aux vérifications d’antécédents judiciaires « sont nécessaires, mais insuffisantes à elles seules pour assurer la sécurité à tous les jeunes qui fréquentent les camps ».

« La majorité des parents dont les enfants fréquentent les camps croient que ces critères d’encadrement existent déjà, mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Ils sont encore plus surpris et inquiets d’apprendre qu’aucun permis d’opération n’est requis pour opérer un camp », écrit-il dans son mémoire.

Parmi les mesures qu’il serait « primordial » d’ajouter, l’ACQ cite le ratio d’encadrement des jeunes (1 moniteur pour 10 enfants, pour les 4 ans, et 1 pour 15 pour les 5 ans et plus dans les camps de jour), le niveau scolaire minimal atteint pour les moniteurs (4e secondaire terminée, 16 ans et plus), la formation du personnel d’animation et de coordination et les plans de mesures d’urgence.