L’hiver climatologique, qui couvre les mois de décembre à février inclusivement, pourrait avoir battu un record de douceur à Montréal, montrent les calculs préliminaires d’Environnement Canada.

« Pour la région de Québec, il y a quand même quelques hivers avec lesquels on entre en concurrence, mais pour Montréal, il y a seulement l’hiver 2001-2002 qui va rivaliser avec l’hiver actuel », constate Jean-Philippe Bégin, météorologue d’Environnement Canada.

L’hiver climatologique 2023-2024 s’étend du 1er décembre au 29 février (91 jours), mais les calculs disponibles le vendredi 1er mars s’arrêtaient au 26 février (88 jours).

En date du 26 février, l’hiver climatologique 2023-2024 était déjà l’un des plus doux que Montréal ait connus depuis 1871, en seconde position derrière l’hiver 2001-2002. Parmi les trois jours qui restent à intégrer à ces calculs, basés sur les données de plusieurs stations météorologiques, il y a deux journées très douces (27 et 28 février), et une seule froide (29 février).

Les données de la station située à l’aéroport Montréal-Trudeau pour la totalité de l’hiver climatologique reflètent d’ailleurs cette tendance. Sur 91 jours, on en compte 50 où le mercure a grimpé au-dessus de 0 °C.

Le mercure de cette station montréalaise n’est même pas tombé une seule fois sous la barre des -20  °C cet hiver. La température la plus froide enregistrée a été de -17 °C, le 20 janvier.

Au palmarès des hivers les plus doux, 2001-2002 est aussi le seul concurrent sérieux dans la région de Gatineau-Ottawa, où la plus ancienne station météo est en service depuis 1890.

Dans la région de Québec, où les données sont disponibles depuis 1878, au moins trois hivers ont été plus doux que celui qui vient de se terminer. Ces records sont toutefois relativement récents puisque le plus ancien des trois est, ici aussi, l’hiver 2001-2002.

À Val-d’Or, par contre, où l’historique commence au milieu du siècle dernier, on est déjà pratiquement assuré d’avoir battu un record. « Depuis 1951, c’est l’année la plus douce jamais enregistrée », dit M. Bégin, et ce, même si deux des trois journées qui restent à intégrer aux calculs étaient froides. « Trois journées sur 91 jours, ça ne devrait pas changer la donne complètement. »

Cartes rougeoyantes

Environnement Canada produit aussi des cartes permettant de visualiser l’ampleur de « l’anomalie de température » d’un hiver climatologique.

Ces cartes montrent à quel point la température moyenne d’un hiver climatologique s’écarte de la normale (cette normale représente la moyenne des années 1991 à 2020).

L’écart va du bleu foncé (au moins 4 °C en dessous de la moyenne) au rouge sang (au moins 4 °C au-dessus de la moyenne).

Pour l’hiver climatologique qui vient de se terminer, le rouge sang est très répandu.

CARTE FOURNIE PAR ENVIRONNEMENT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE CANADA

Anomalie de température pour l’hiver climatologique 2023-2024

« C’est impressionnant à quel point ça couvre la majeure partie du pays, de la Saskatchewan/Manitoba jusqu’au Québec. Je n’ai jamais rien vu du genre depuis que [j’ai commencé à faire] de la météo, il y a environ 15 ans ! », s’exclame M. Bégin.

« Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas », souligne-t-il toutefois en montrant les cartes bleutées de deux hivers successifs (2013-2014 et 2014-2015) et, plus récemment, de l’hiver 2021-2022.

  • Anomalie de température pour l’hiver climatologique 2013-2014

    CARTE FOURNIE PAR ENVIRONNEMENT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE CANADA

    Anomalie de température pour l’hiver climatologique 2013-2014

  • Anomalie de température pour l’hiver climatologique 2014-2015

    CARTE FOURNIE PAR ENVIRONNEMENT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE CANADA

    Anomalie de température pour l’hiver climatologique 2014-2015

  • Anomalie de température pour l’hiver climatologique 2021-2022

    CARTE FOURNIE PAR ENVIRONNEMENT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE CANADA

    Anomalie de température pour l’hiver climatologique 2021-2022

  • Anomalie de température pour l’hiver climatologique 2023-2024

    CARTE FOURNIE PAR ENVIRONNEMENT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE CANADA

    Anomalie de température pour l’hiver climatologique 2023-2024

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« L’hiver 2014-2015, c’était extrême à quel point il faisait froid dans la région de Montréal, il y avait des conduites d’eau qui gelaient », rappelle le météorologue, qui en a fait l’expérience dans son appartement d’Ahuntsic.

C’est juste une anecdote, mais c’est pour dire qu’on n’a pas besoin de reculer bien loin. Les deux hivers 2013-2014 et 2014-2015 coup sur coup avaient été assez impressionnants de froid, et ça fait tout juste 10 ans.

Jean-Philippe Bégin, météorologue à Environnement Canada

Les hivers à venir ne seront donc pas tous pareils à celui qu’on vient de traverser,

« Des hivers froids, il va y en avoir encore, malgré les changements climatiques. Ça va peut-être être plus rare, mais il ne faut pas s’attendre à ce que ça n’arrive jamais. »

Douce relâche

L’hiver ne sera toutefois pas de retour pour la relâche scolaire qui commence.

« Ça va être doux sur l’ensemble des secteurs habités du Québec au moins jusqu’au milieu de la semaine prochaine », résume M. Bégin. La prévision vaut pour « tout l’ouest, le sud et le centre du Québec. Même dans l’est, ça va être doux ».

Il est toutefois beaucoup trop tôt pour s’avancer sur la fin de la semaine prochaine. « On pourrait avoir des évènements de neige sur le sud, le centre, l’est du Québec, ça reste à voir. Il ne faut pas penser que l’hiver a nécessairement capitulé et que la neige est terminée. On n’en est pas là encore, on est juste au début du mois de mars. »

L’hiver astronomique, qui prend fin avec l’équinoxe de printemps, est également loin d’être terminé. L’équinoxe de printemps se produira seulement le 19 mars à 23 h 06, indique Environnement Canada.

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse