Une étude souhaitant contrer la désinformation en ligne révèle que les mesures sanitaires prises par les gouvernements en lien avec la COVID-19 ont contribué à sauver des vies ou à réduire les hospitalisations et les nombres de cas en 2020.

Dans une étude publiée en 2023 dans l’American Journal of Preventive Medicine, Mohsen Farhadloo, professeur adjoint au Département de gestion de la chaîne d’approvisionnement et des technologies d’affaires de l’École de gestion John-Molson, et James Peters, doctorant à l’Université Concordia, avancent que des mesures mises en place par les gouvernements autour du monde lors de la première vague de la pandémie de COVID-19 « ont été généralement efficaces pour atténuer l’impact des conséquences de la COVID-19 sur la santé ».

Dix mesures non pharmaceutiques, mises en place entre janvier et juin 2020, ont été analysées, comme le port du couvre-visage, la fermeture des écoles et des commerces, la distanciation sociale et les restrictions de voyage.

La recherche consiste en une revue systématique intégrant les données quantitatives issues de 44 études à travers le monde. Le but était donc de passer au peigne fin « les recherches qui ont examiné l’effet des interventions non pharmaceutiques sur quelques aspects de la santé, comme le nombre de cas (de COVID-19), ou l’effet des interventions sur les hospitalisations ou sur le taux de mortalité de la population », précise le Dr Farhadloo lors d’une entrevue à La Presse Canadienne.

Les chercheurs ont remarqué que les études précédentes se concentraient presque uniquement sur la réduction du taux de mortalité, et ont voulu rectifier le tir. 

Il était important pour nous de considérer non seulement les impacts sur la mortalité, mais également sur les cas et les hospitalisations, puisqu’il s’agissait de résultats pertinents de la pandémie.

James Peters, doctorant à l’Université Concordia

Selon Mohsen Farhadloo, les recherches portant seulement sur une variable, soit l’impact sur la mortalité, peuvent donner lieu à des conclusions erronées.

Résultats de la recherche

Les résultats des chercheurs montrent que le port du masque aurait entraîné une réduction de 2,76 cas pour 100 000 personnes, et de 0,19 % du taux de mortalité à travers le monde. Les restrictions de voyage ont quant à elles réduit le taux de croissance du nombre de cas de 10 % et la fermeture des écoles de 8 %, selon le Dr Farhadloo.

Pour James Peters, le résultat le plus surprenant de l’étude est le temps entre l’annonce d’une mesure sanitaire et ses effets concrets. « Par exemple, nous avons constaté que les mesures de confinement entraînaient une réduction de 2,9 cas de COVID-19 pour 100 000 personnes, mais ces effets n’ont été observés que quatre semaines après leur mise en œuvre », mentionne-t-il. Selon l’étude, la fermeture des restaurants et des bars a aussi eu des effets, soit des baisses de la mortalité, seulement après quatre semaines.

Les chercheurs invitent les décideurs politiques à considérer ce délai dans les résultats lorsque vient le temps d’élaborer ou d’évaluer ces mesures.

Somme toute, pour ces chercheurs, les résultats prouvent que les mesures ont toutes eu au moins un impact, soit sur la baisse du nombre de cas, d’hospitalisations ou de décès liés à la COVID-19.

Contrer la désinformation

Cette recherche, lancée en 2022, est « en réponse à la désinformation existante sur la santé sur les réseaux sociaux », indique Dr Farhadloo.

Selon lui, il demeure très facile de contribuer à la désinformation en ligne, ou même au sein de la littérature scientifique.

Le chercheur a constaté que les fausses informations pullulaient sur les réseaux sociaux et qu’elles constituaient un problème « très sérieux ». « Il est crucial de sensibiliser le public à la prévalence de la désinformation liée à la santé, et il est important de comprendre que nous devons fournir au public des moyens de pouvoir évaluer la qualité des informations sur la santé qu’il reçoit sur les réseaux sociaux », ajoute-t-il.

Le Dr Farhadloo effectue maintenant une recherche en lien avec la qualité des informations sur la santé diffusées sur le réseau social X.