La COVID longue s’accompagne de taux anormaux d’une molécule du système immunitaire, selon une nouvelle étude publiée jeudi dans la prestigieuse revue Science. Un test diagnostique fiable pourrait être offert d’ici deux ans et des traitements peu après, affirment les auteurs.

« Nous avons mesuré 6500 protéines différentes pour en trouver une qui est présente à un taux anormal dans le sang chez les patients qui ont la COVID longue », explique l’auteur principal de l’étude, Onur Boyman, de l’Université de Zurich. « Elle est aussi présente dans le cerveau, alors ça expliquerait les impacts cognitifs de la COVID longue. »

La découverte a été confirmée par des tests chez plusieurs autres cohortes de patients ayant la COVID longue dans différents pays. « Avec un soutien financier adéquat, je pense qu’une compagnie pourrait mettre au point un test diagnostique sanguin pour la COVID longue à partir de nos travaux d’ici un an ou deux », affirme l’immunologue suisse.

Près d’une personne sur cinq développe une COVID longue après avoir eu la COVID-19, selon des données de l’Agence de la santé publique du Canada. Cela signifie que 12 % de la population canadienne a eu la COVID longue, soit des symptômes qui persistent plus de trois mois. Au Québec, l’Institut national de santé publique a calculé au printemps 2023 que de 6 % à 10 % des travailleurs de la santé étaient à ce moment atteints de la COVID longue, dont la moitié avaient des symptômes depuis plus d’un an. La COVID longue touche deux fois plus les femmes que les hommes.

Biomarqueurs

Ces résultats sont « solides », selon Madeleine Durand, une épidémiologiste de l’Université de Montréal qui a étudié une cohorte québécoise de patients ayant la COVID longue. « D’autres molécules ont été proposées comme biomarqueurs de la COVID longue, mais ici, il y a eu reproduction des résultats chez plusieurs cohortes », dit la Dre Durand. Un biomarqueur est une molécule dont la détection indique la présence d’une maladie.

La Dre Durand a elle-même reproduit chez la cohorte québécoise de patients ayant la COVID longue des résultats ontariens sur une autre molécule associée à la COVID longue. Ces résultats ont été publiés dans la revue Clinical Proteomics, et les résultats initiaux de l’Université Western à London, dans la revue Molecular Medicine en février 2023. La revue Science est plus prestigieuse, note la Dre Durand.

En novembre dernier, la société pharmaceutique ontarienne Revive Therapeutics a annoncé qu’elle travaillait sur un test de dépistage de la COVID longue à partir des résultats de l’Université Western.

Une autre particularité de la molécule découverte par le DBoyman est qu’il existe des médicaments la prenant pour cible. « On pourrait inhiber cette molécule du système immunitaire avec les médicaments, et donc traiter la COVID longue », dit le chercheur suisse.

La prochaine étape est de faire une étude « prospective », en mesurant la molécule identifiée par le DBoyman chez des centaines de patients peu après un diagnostic de COVID-19, puis après quelques mois. Cela permettra de voir si on peut prédire qui va avoir la COVID longue et confirmer qu’un taux élevé de cette molécule permet bel et bien un diagnostic de COVID longue.

En savoir plus
  • 29 %
    Proportion des cas de COVID longue dont les symptômes sont graves
    Source : Institut national de santé publique du Québec
    16 %
    Proportion des patients atteints de la COVID longue qui ont régulièrement de la difficulté à travailler
    Source : Institut national de santé publique du Québec