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Devrait-on utiliser un calendrier universel ?

Robert Sarrazin

Il y a eu beaucoup de propositions de réforme du calendrier dans les derniers siècles.

Certaines ont visé à modifier la manière dont on compte les années pour ne pas mentionner Jésus-Christ (comme l’expression « ère commune » pour remplacer « après Jésus-Christ »). Mais la plupart visaient à rationaliser le découpage des semaines et des mois pour rendre le calendrier plus simple.

L’une des propositions qui ont eu le plus d’impact au XXe siècle est canadienne. Elle est l’œuvre du comptable Moses Cotsworth, de Colombie-Britannique.

« Cotsworth est un nom important dans l’histoire de la réforme du calendrier », explique Thomas Allen, professeur d’anglais de l’Université d’Ottawa qui a écrit un chapitre sur Cotsworth dans le livre Material Cultures in Canada, publié en 2015. « Son objectif était de standardiser le calendrier pour faciliter les rapports financiers des entreprises. Le calendrier de Cotsworth a été utilisé en interne par Kodak, dont le fondateur était très actif pour la réforme du calendrier, jusque dans les années 1980. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA SOCIÉTÉ PHILOSOPHIQUE DU YORKSHIRE

Moses Cotsworth

Le « calendrier international fixe » de Cotsworth, proposé en 1902, prévoyait 13 mois de 28 jours, avec un nouveau mois, appelé « sol », au milieu de l’été.

« Et à la fin de l’année, il y avait une journée de congé, deux lors des années bissextiles, qui n’était pas cataloguée, pour qu’on arrive à 365 ou 366 jours, dit M. Allen. Vu de 2024, c’est un peu bizarre. Ça facilitait les rapports mensuels des firmes, mais ça compliquait les rapports trimestriels. Alors il n’y a eu qu’Eastman Kodak comme grande entreprise qui a adopté cette approche. On a d’ailleurs appelé le calendrier de Cotsworth “plan Eastman”. »

Pâques

L’autre désir de Cotsworth était d’avoir une date fixe pour Pâques, là encore pour faciliter la planification des entreprises. « Mais ça a heurté beaucoup de gens religieux, qui tenaient à ce que la journée de Pâques continue d’être déterminée de la manière traditionnelle. » Le jour de Pâques a été fixé par le Concile de Nicée, en 325, au dimanche suivant la première pleine lune du printemps.

Né en Angleterre en 1859, Cotsworth a d’abord travaillé pour les chemins de fer avant d’être embauché au début du XXe siècle pour réorganiser l’administration civile de la Colombie-Britannique. Il est mort à Vancouver en 1943 et ses archives sont conservées à l’Université de Colombie-Britannique. « C’était une clause de son testament, alors je pense qu’il se considérait à la fin de sa vie comme canadien », dit M. Allen.

Ce n’est pas un hasard si Cotsworth a développé une fascination pour la mesure du temps après avoir travaillé pour les chemins de fer. « C’est avec les chemins de fer qu’on a dû harmoniser la mesure du temps, pour planifier les départs et les arrivées et éviter les accidents, dit M. Allen. Les fuseaux horaires ont d’ailleurs été décidés dans une grande conférence à Washington en 1884, où a joué un rôle important un autre Canadien, Sandford Fleming, l’ingénieur en chef du Canadien Pacifique. »

Une autre lubie de Cotsworth était de prouver que les pyramides avaient été construites par les pharaons égyptiens pour mesurer le temps qui passe, avec leur ombre.

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