Alessandro Sucapane, qui avait obtenu sa libération conditionnelle en 2018, a récemment vu celle-ci être révoquée par les commissaires parce qu’il a été observé avec des individus liés à la mafia, violant ainsi ses conditions.

Sucapane, 58 ans, a été condamné à 10 ans de pénitencier pour gangstérisme, trafic de drogue et production de cannabis en 2015. Il avait été arrêté dans le cadre d’une importante enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) baptisée Clemenza, qui visait les clans de la mafia qui tentaient de prendre la place des Siciliens après que ceux-ci eurent été affaiblis à l’issue de l’historique opération Colisée de novembre 2006.

Alessandro Sucapane était l’associé de Giuseppe De Vito, qui, selon la police, a fait partie d’une alliance qui a tenté un putsch contre le clan des Siciliens en 2010 et 2011.

De Vito, dont le clan contrôlait une partie du nord-est de Montréal, est mort empoisonné par du cyanure versé dans son smoothie, au pénitencier de Donnacona en 2013.

Mauvaises fréquentations

À la fin de 2018, Sucapane avait obtenu sa libération conditionnelle sous d’importantes conditions. Entre autres, il ne devait pas fréquenter des individus liés à des organisations criminelles.

Or, en avril 2023, un homme lié au crime organisé, selon la police, l’a approché pour l’achat d’un restaurant.

En octobre suivant, il a été observé avec ce même individu dans un établissement fréquenté par des membres influents de la mafia montréalaise.

L’agent de libération de Sucapane reproche également à ce dernier d’avoir fréquenté d’autres criminels durant l’année 2023 sans qu’il lui ait fait mention de ces relations.

La libération conditionnelle de Sucapane a donc été suspendue au début du mois de novembre et la Commission des libérations conditionnelles du Canada devait décider si elle lui redonnait sa liberté ou si elle l’annulait.

Éclipse temporaire

En 2018, les autorités possédaient un rapport de la GRC selon lequel Sucapane s’était détaché du crime organisé et n’était plus un sujet d’intérêt pour la police.

Mais tout ça serait chose du passé, croit la Commission.

« Le 3 novembre 2023, votre agent de libération a reçu des informations du service de sécurité suggérant que vous aviez retrouvé votre position dans le monde du crime ou que vous aviez peut-être même commencé à la retrouver depuis un certain temps déjà. Des inquiétudes ont été soulevées quant à vos nombreuses rencontres fortuites avec des acteurs importants, ainsi qu’à votre présence dans des lieux connus pour être fréquentés par des personnes d’intérêt », écrit notamment un commissaire des libérations conditionnelles dans une décision de neuf pages rendue le 27 décembre dernier.

Parce que la libération de Sucapane représenterait un trop grand risque pour la société, le commissaire a révoqué sa libération conditionnelle. Mais comme il sera de nouveau libéré aux deux tiers du reliquat de sa peine en 2024, le commissaire lui impose déjà des conditions en vue de cette libération future.

Sucapane ne pourra fréquenter tout individu impliqué dans le crime ou lié à une organisation criminelle, ne pourra posséder plus d’un téléphone cellulaire, devra fournir à son agent de libération ses registres d’appels entrants et sortants et les accès à son appareil, devra divulguer toutes ses transactions financières, y compris celles concernant le remboursement d’une dette importante qu’un entrepreneur a contractée auprès de lui, et ne pourra fréquenter les établissements licenciés.

Tué par erreur dans un ancien QG

Il y a un mois, la police a effectué des perquisitions dans les résidences de plusieurs membres influents du crime organisé dans le cadre d’une importante enquête bâtie autour des révélations d’un ancien tueur à gages, Frédérick Silva.

Ce dernier, qui a retourné sa veste à l’été 2022, pourrait permettre à la police de résoudre une trentaine de meurtres et autant de tentatives de meurtre commis au sein du crime organisé depuis au moins le début des années 2010.

Le 7 décembre dernier, la police a annoncé enquêter notamment sur trois meurtres dont les victimes ont été tuées par erreur.

Un de ces assassinats est celui de Domenico Facchini, tué par balle dans un café du boulevard Provencher, le Domenica-In, dans l’arrondissement de Saint-Léonard, le 21 décembre 2012.

Sucapane fréquentait cet établissement à l’époque.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.