(Québec) La capitale est le théâtre d’une guerre sanglante entre factions du crime organisé qui est particulièrement « taxante » pour les policiers de Québec, a indiqué mercredi le chef du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ).

Denis Turcotte a confirmé mercredi lors d’une présentation aux élus que la capitale était aux prises avec une augmentation importante des violences entre membres du crime organisé, responsables de plus de la moitié des homicides sur son territoire en 2023.

Plusieurs sources policières ont raconté qu’un conflit oppose depuis des mois les Hells Angels à un groupe de trafiquants mené par David « Pic » Turmel. Ce dernier refuserait de s’approvisionner en cocaïne auprès des Hells Angels, privant ainsi les motards d’une source importante de revenus.

Un ancien motard très influent dans la capitale, Michel « Doune » Guérin, a été tué par balle devant chez lui à la fin de novembre. Des entrepôts liés aux motards ont récemment été incendiés en Beauce. Mercredi, Le Journal de Québec rapportait que deux membres d’un club-école des Hells Angels auraient été poignardés à la fin d’octobre au centre de détention de Québec.

« C’est sûr qu’on a eu une grosse année. On ne se le cachera pas. Ce n’est pas une grosse année en termes de volume, mais en termes de type de criminalité », a dit d’un air solennel le chef de police Denis Turcotte aux élus mercredi, lors des comités pléniers budgétaires.

Le chef du SPVQ confirme que des factions du crime organisé se font la guerre pour le contrôle du trafic de drogue. M. Turcotte a donné une idée mercredi de l’ampleur qu’ont pris ces conflits dans la capitale : le crime organisé serait responsable de plus de la moitié des sept homicides à Québec en 2023, en plus d’avoir allumé 13 incendies criminels.

« Dans les trois dernières années, on a une moyenne d’environ quatre meurtres par année. Mais ce ne sont pas des meurtres liés au crime organisé, c’est lié à la santé mentale, à des problématiques intrafamiliales », a expliqué M. Turcotte.

« Mais cette année, on a quatre meurtres liés directement aux organisations criminelles, en plus d’une tentative de meurtre, et on est rendus à 13 incendies criminels liés directement aux groupes criminalisés. »

Tous les policiers de la capitale « sont mobilisés », mais arrivent à la fin de 2023 « fatigués ». « C’est très taxant pour le personnel », dit-il.

Le gouvernement Legault dit non au chef de police

Une conseillère municipale a déploré la « brume au-dessus de Québec ». Comment la dissiper, cette brume ?

Le chef du SPVQ a récemment demandé une aide financière d’urgence de Québec pour lutter contre la violence armée. Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a refusé, laissant entendre que le SPVQ pouvait demander de l’aide à la Sûreté du Québec (SQ).

Rappelons que Montréal a obtenu 250 millions sur cinq ans pour juguler l’explosion de la violence armée sur son territoire. L’annonce faite à l’été 2022 porte ses fruits dans la métropole, a fait valoir le chef Turcotte. Dans les neuf premiers mois de l’année 2023, Montréal a enregistré 20 meurtres, contre 27 durant la même période en 2022.

Le chef de la police de Québec réclame donc un traitement similaire à celui de Montréal. M. Turcotte réclame ces sommes, qu’il n’a pas chiffrées, pour améliorer ses services de renseignement et de prévention.

« Pour être encore plus efficaces et prévenir ces meurtres, ces incendies, toute cette violence armée, dit-il. J’ai demandé du financement au provincial, car c’est un problème provincial, ce n’est pas juste lié à la ville de Québec. »

Pour l’instant, la guerre des gangs qui secoue la capitale ne semble pas vouloir se calmer. Dave « Pic » Turmel, qui est en guerre ouverte avec les motards, aurait des liens avec des gangs de rue d’allégeance « rouge ». Il achèterait désormais la drogue aux gangs de Montréal.

Les policiers ont arrêté plusieurs présumés associés de Turmel dans une frappe l’été dernier. Mais ils n’ont jamais réussi à mettre le grappin sur l’homme de 27 ans, qui court toujours.

Selon nos informations, Turmel avait quitté le pays avant la frappe policière, car il croyait que les motards avaient mis sa tête à prix. Ce serait à partir de l’étranger qu’il dirigerait ses opérations.