Un proche des Hells Angels et de l’ex-tueur à gages Frédérick Silva, actuellement au cœur d’une importante enquête de meurtres menée par le SPVM et la SQ, a été assassiné mercredi au Mexique, viennent d’annoncer des médias mexicains.

Samy Tamouro, 37 ans, a été tué d’au moins une balle à la tête alors qu’il se trouvait dans une salle de conditionnement physique de la place Puerto Cancun, ont commencé à rapporter des médias mexicains.

« Un homme a été attaqué par balle alors qu’il faisait de l’exercice au gymnase. Les détonations d’armes à feu par un sujet qui s’est enfui ont provoqué une alarme dans cette place, en plus de la mobilisation policière dans cette zone. Sur place, à côté d’un appareil de musculation, gisait le corps ensanglanté de la victime, qui a été aidée par les ambulanciers et transportée à l’hôpital », peut-on notamment lire sur le site du Pedro Canché Noticias.

Selon nos informations, Tamouro avait quitté le Québec pour la République dominicaine le 2 juillet 2022, soit deux jours à peine après que les autorités policières eurent annoncé que Silva avait commencé à collaborer avec elles. Il aurait vécu à l’extérieur du pays, vraisemblablement au Mexique, depuis.

Une table des contrats

Tamouro était un proche de Frédérick Silva qui, depuis l’été dernier, a retourné sa veste et aurait fait des révélations aux enquêteurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et de la Sûreté du Québec (SQ) relativement à une trentaine de meurtres et autant de tentatives de meurtre commis au sein du crime organisé montréalais depuis au moins les années 2010.

Tamouro aurait également aidé Silva à se cacher, lorsque ce dernier s’est retrouvé en cavale durant deux ans, avant d’être arrêté par les policiers du SPVM en février 2019.

Selon nos informations, Silva et d’autres individus auraient siégé à une table où les contrats étaient donnés au sein du crime organisé montréalais.

D’après nos renseignements, Tamouro aurait été parmi ceux qui siégeaient à cette table, tout comme Grégory Woolley, assassiné le 17 novembre dernier. Les deux hommes étaient ciblés dans l’importante enquête en cours.

L’hypothèse d’une purge

On ignore le mobile du meurtre pour le moment.

Mais dimanche à l’émission Tout le monde en parle télédiffusée à Radio-Canada, l’ex-enquêteur du SPVM spécialiste du crime organisé Éric Vecchio n’a pas exclu que les anciens complices de Silva puissent devenir les cibles d’une purge ordonnée par les commanditaires qui leur ont donné les contrats de meurtre.

« C’est sûr qu’avec les révélations de Frédérick Silva et la corroboration des policiers qui va suivre, il y a beaucoup de gens qui vont être des témoins gênants. On peut penser que certains de ces témoins gênants pourraient disparaître », a répondu l’ancien enquêteur à une question de l’animateur Guy A. Lepage.

Un repas empoisonné

Samy Tamouro avait été arrêté dans la foulée de l’enquête Magot-Mastiff par laquelle la Sûreté du Québec a décapité en novembre 2015 une alliance mafia-motards-gangs qui dirigeait le crime organisé montréalais et démantelé un réseau de trafiquants de drogue qui opérait dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, dans l’est de Montréal. Il avait été condamné à 18 mois d’emprisonnement pour gangstérisme et recel.

Tamouro avait également été condamné à 24 mois de prison pour une affaire de voies de fait graves survenue à 2012.

Tamouro était également très proche des Hells Angels, en particulier de Jean Richard Larivière, membre de la section de Montréal.

Tamouro avait partagé un repas avec l’ancien membre des Rockers de Montréal Jean-Guy Bourgouin, dans un restaurant de l’arrondissement de Saint-Léonard, en janvier 2017, lorsque ce dernier a été victime d’une tentative de meurtre à sa sortie de l’établissement.

Des relations partout

La police considérait également Samy Tamouro comme un proche du chef de gang Jean-Philippe Célestin et de Sébastien Giroux, assassiné à Montréal en mai 2022.

Il a déjà été dans le giron du Syndicate, un gang de rue parrainé par Gregory Woolley et par les défunts Rockers de Montréal, un ancien club-école des Hells Angels Nomads dirigés durant les années 1990 par Maurice Boucher.

Selon les renseignements policiers, Tamouro aurait également été impliqué dans le trafic de cocaïne et de méthamphétamine dans le secteur Hochelaga-Maisonneuve et dans la couronne nord de Montréal.

Récemment, la police l’avait considéré comme un « patron de la rue » (street boss) pour des membres des Hells Angels de Montréal et le soupçonnait d’être impliqué dans l’importation de cocaïne vers le Canada, à partir du Mexique.

Après les meurtres en 2019 de Salvatore et d’Andrew Scoppa, des Calabrais qui avaient tenté un putsch contre le clan Rizzuto de la mafia montréalaise trois ans plus tôt, Tamouro aurait tenté de collecter des prêts que des personnes avaient contractés auprès des deux frères assassinés, selon nos sources.

D’autres attentats commis cette année au sein du crime organisé 

15 mars : Leonardo Rizzuto, fils cadet de l’ancien parrain de la mafia Vito Rizzuto, est victime d’une tentative de meurtre à Laval.

16 mai : Claudia Iacono, conjointe d’Anthony Gallo, un individu lié à la mafia, est assassinée devant son salon à Montréal.

5 juin : Francesco Del Balso est tué près d’un centre de conditionnement physique dans l’ouest de Montréal.

17 novembre : Le chef de gang Grégory Woolley est abattu dans le stationnement d’un CLSC de Saint-Jean-sur-Richelieu.

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