Malgré le fait que le nombre d’itinérants ait explosé depuis la pandémie, en pleine crise du logement, l’organisme Chez Doris, qui vient en aide aux femmes démunies, a dû fermer son centre de jour ces deux derniers mois, par manque d’employés.

Bonne nouvelle, le centre de jour rouvre ses portes ce lundi et pourra accueillir plus de femmes : il comptera dorénavant 85 places pour celles qui ont besoin d’un repas ou d’autres services, comparativement à 50 places avant la fermeture. Pour le moment, les services y seront offerts entre 8 h et 16 h du lundi au vendredi.

Signe que la demande ne cesse d’augmenter, Chez Doris comptait 24 employés avant la pandémie, alors que l’organisme a maintenant besoin de 95 employés pour fonctionner. En plus du centre de jour, Chez Doris exploite un centre de nuit, un centre communautaire où sont offerts des services sociaux et médicaux, ainsi que deux résidences offrant des logements supervisés à des femmes sorties de la rue.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

La directrice générale de Chez Doris, Marina Boulos-Winton

« On se rend compte que les femmes itinérantes que l’on reçoit sont beaucoup plus vulnérables qu’avant », témoigne la directrice générale de Chez Doris, Marina Boulos-Winton. « Il y a plus de femmes immigrantes et autochtones, qui ne peuvent pas toujours compter sur des proches pour les aider. Les problèmes de santé mentale, de toxicomanie et de violence contre les femmes s’aggravent. »

L’organisme, qui existe depuis 1977, recevait auparavant une clientèle composée à 20 % de femmes itinérantes ; cette proportion a augmenté à 60 %.

« On a malheureusement perdu des employés parce que la clientèle est maintenant plus “agitée”, si je peux le décrire ainsi, en raison de problèmes de santé mentale sérieux pour lesquels il n’y a pas de suivi, déplore Mme Boulos-Winton. Ça dépasse les compétences de certains employés. »

Un financement insuffisant

Même si la demande est en hausse, que les problèmes sont plus graves et que l’organisme a multiplié les services pour tenter d’y répondre, Chez Doris n’a reçu que 40 000 $ de Québec, sur l’enveloppe de 9,7 millions annoncée en novembre par le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, pour soutenir la population de sans-abri à Montréal cet hiver.

« Ce n’est pas suffisant pour combler les coûts de nos services, alors on dépend encore des dons privés », se désole Mme Boulos-Winton.

Néanmoins, elle se réjouit d’avoir réussi à rouvrir le refuge de jour avant le temps des Fêtes.

« Cette période est difficile pour plusieurs femmes qui sont en rupture avec leur famille, qui n’ont peut-être plus de contacts avec leurs enfants en raison de leur situation, dit-elle. On tente de leur apporter un peu de réconfort. »