D’importantes compressions devraient être annoncées ce lundi aux employés de la Société Radio-Canada et de CBC. Elles pourraient entraîner la suppression de plusieurs centaines de postes.

Tous les employés de Radio-Canada et de CBC ont été convoqués pour une rencontre ce lundi. L’objectif de ces rencontres est de « faire part d’une mise à jour quant à nos défis financiers et [de] faire le point sur ce qui s’en vient dans les prochains mois », selon le courriel de convocation consulté par La Presse.

Selon nos informations, les cadres et gestionnaires seront aussi rencontrés ce lundi, suivis par les présidents syndicaux.

Jusqu’à 700 postes pourraient être abolis au sein de la société d’État dans la foulée de ces compressions, ont annoncé Le Journal de Montréal et Le Devoir.

La Presse a pu confirmer qu’une annonce d’une telle ampleur est bel et bien attendue ce lundi. Tant les services en anglais que les services en français du diffuseur public seraient touchés.

Le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada, Pierre Tousignant, n’a pas voulu commenter la nouvelle dimanche soir. Radio-Canada a aussi précisé n’avoir « aucun commentaire pour le moment », a indiqué par courriel Marc Pichette, premier directeur à la promotion et aux relations publiques.

Des compressions inévitables

Début novembre, devant un parterre de quelque 300 convives invités par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, la présidente-directrice générale de la société d’État, Catherine Tait, avait confirmé qu’il y aurait une coupe de 100 millions dans le prochain budget annuel du diffuseur public. « Il y aura des décisions difficiles à prendre », avait-elle affirmé, sans vouloir s’avancer davantage sur les emplois menacés.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

La présidente-directrice générale de la société d’État, Catherine Tait

Début octobre, la société d’État avait aussi annoncé que la création de postes était suspendue jusqu’à nouvel ordre. Le remplacement des départs, par exemple à la retraite, était aussi remis en cause.

Fin septembre, La Presse rapportait que des informations sur les compressions à venir circulaient déjà à l’interne. « Nous avons récemment indiqué à nos employés que Radio-Canada fait présentement face à des pressions financières », avait alors confirmé le porte-parole du diffuseur public, Marc Pichette, dans un courriel à La Presse.

« Ces pressions sont attribuables en très grande partie à la baisse des revenus publicitaires et d’abonnement, l’impact de l’inflation sur les coûts d’opération et les coûts de production ainsi qu’aux économies demandées par le gouvernement fédéral aux ministères et aux sociétés d’État, dont CBC/Radio-Canada », avait-il expliqué.

À ce moment, il était déjà prévu que l’ampleur des coupes devait être communiquée en décembre.

Il faudra toutefois attendre au printemps pour connaître les emplois touchés.

Selon le rapport de gestion du deuxième trimestre 2023-2024 de Radio-Canada, les revenus de la société d’État ont diminué de 5,4 % lors de ce trimestre, « principalement en raison de la faiblesse du marché publicitaire de la télévision », peut-on lire. « La baisse des autres revenus tirés de la vente de contenus a également contribué à ce recul. »

Pendant la même période, les dépenses ont diminué de 4,7 % « en raison d’une baisse des coûts de programmation et des charges de retraite », est-il indiqué.

Une période difficile pour les médias

Ces compressions chez CBC/Radio-Canada surviennent dans une période creuse pour plusieurs médias au Québec et au Canada. Début novembre, 547 employés ont été licenciés à Groupe TVA, soit environ le tiers des effectifs. Ces coupes s’ajoutaient aux 240 postes abolis en février dernier.

En août, Métro Média a mis fin à ses activités dans la métropole. En mars dernier, les Coops de l’information (CN2i) ont annoncé que leurs six quotidiens régionaux ne seraient plus imprimés en format papier à partir de la fin de décembre. Une centaine de postes, ce qui représente environ le tiers des effectifs de l’organisation, devaient par le fait même être supprimés, notamment par l’entremise d’un programme de départs volontaires.

En janvier dernier, l’éditeur de journaux Postmedia – qui détient la Montreal Gazette, mais aussi le National Post, l’Ottawa Citizen et le Vancouver Sun – avait annoncé devoir mettre à pied 11 % de son personnel de salles de rédaction.

Une entente avec Google

Mercredi dernier, Google et la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, ont finalement conclu une entente trois semaines avant l’entrée en vigueur de la Loi sur les nouvelles en ligne (C-18). Cette entente prévoit une somme de 100 millions par année, indexée sur l’inflation, soit bien en deçà des 172 millions qui avaient été estimés par le ministère du Patrimoine canadien.

En vertu de la Loi sur les nouvelles en ligne, les géants du web devront verser des redevances aux médias canadiens s’ils diffusent leur contenu sur leurs plateformes.

Dans la foulée, le gouvernement de François Legault a demandé à Ottawa d’exclure CBC/Radio-Canada des redevances que versera Google aux médias canadiens. Le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, est aussi d’avis que la société d’État devrait se retirer complètement du marché publicitaire.