(San Francisco) À la suite d’une entrevue houleuse avec Elon Musk, l’entente de l’ancien présentateur de nouvelles Don Lemon pour un nouveau talk-show sur X a volé en éclats.

Quelques jours avant la première émission, M. Musk a annulé le partenariat qui devait être conclu entre M. Lemon et X, au lendemain d’une interview d’une heure et demie avec le journaliste et ancien animateur à CNN. La conversation entre l’animateur et le propriétaire de X, de Tesla et de SpaceX, qui a eu lieu dans les bureaux de SpaceX à Austin, au Texas, a été tendue par moments, a dit M. Lemon. L’animateur affirme avoir posé des questions insistantes sur la prochaine élection présidentielle américaine, sur l’usage de drogues par M. Musk et sur ses diverses entreprises.

M. Lemon a déclaré qu’il diffuserait l’entrevue lundi sur YouTube et qu’il continuerait à publier du contenu sur X. « Mes questions étaient respectueuses et très variées, couvrant toutes sortes de sujets, de SpaceX à l’élection présidentielle », a dit M. Lemon dans un communiqué. « D’après moi, c’était une bonne conversation. Il voit les choses autrement, de toute évidence. »

Son engagement en faveur d’un lieu d’échange mondial où toutes les questions peuvent être posées et où on peut discuter de toutes les idées semble ne pas inclure les questions à son sujet posées par des gens comme moi.

Don Lemon, animateur

Les vendeurs de publicité chez X ont été pris de court par l’annulation brutale de l’émission. Lundi encore, ils faisaient le décompte des publicités vendues durant l’émission, selon un document interne montré au New York Times.

Une autre blessure auto-infligée

L’annulation d’une émission que M. Musk avait promis de « soutenir à fond » est le plus récent cafouillage auto-infligé chez X. En novembre, Musk a dit à certains annonceurs de ne pas dépenser sur sa plateforme, utilisant le mot qui commence par F pour les envoyer paître publiquement, les accusant de « chantage » après qu’il a semblé approuver une théorie du complot antisémite sur X. Ses commentaires ont déclenché un exode d’annonceurs et une saignée des revenus.

PHOTO ERIN SCHAFF, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

L’animateur Don Lemon s’adressant à l’auditoire lors d’un débat électoral CNN en 2019, à Detroit

Musk a déclaré jeudi sur X que l’émission de Lemon manquait d’originalité. « Son approche se limite à faire du CNN, mais sur les médias sociaux. Or, ça ne marche pas ; la preuve, CNN se meurt », a écrit M. Musk. « Et au lieu d’être le vrai Don Lemon, c’était Jeff Zucker qui parlait par la bouche de Don : ça manquait d’authenticité. »

M. Zucker, l’ancien président de CNN, dirige aujourd’hui une société qui investit dans les médias, RedBird IMI. Il dirige aussi EverWonder Studio, une maison de production qui fournit des services à l’émission de Don Lemon.

M. Lemon est l’une des célébrités médiatiques – comme l’ancien animateur de Fox News Tucker Carlson et l’ancienne candidate démocrate à l’élection présidentielle Tulsi Gabbard – qui ont été invitées cette année à produire du contenu vidéo de longue durée sur X. La plateforme s’efforce d’attirer du contenu de qualité supérieure qui attirerait les annonceurs.

X avait accepté de financer la nouvelle émission de M. Lemon, le Don Lemon Show. Mais la société vient d’annoncer par communiqué que M. Lemon devra se débrouiller sans X s’il veut y produire du contenu.

« Le Don Lemon Show est le bienvenu sur X, sans censure, car nous voulons offrir aux créateurs une plateforme leur donnant une large audience et les mettant en contact avec de nouvelles communautés », a indiqué X par communiqué. « Toutefois, comme toute entreprise, nous revendiquons le droit de prendre des décisions concernant nos partenariats commerciaux et, après mûre réflexion, X a décidé de ne pas conclure de partenariat commercial avec l’émission. »

Dans un communiqué, une porte-parole de M. Lemon a déclaré qu’il continuerait à demander à être payé par X. « Don a conclu un accord avec X et s’attend à être payé pour cela », a-t-elle déclaré. « Si nous devons aller au tribunal, nous le ferons. »

Les récents contrats vidéo de X – y compris celui avec M. Lemon – ont été négociés par la PDG de X, Linda Yaccarino, une ancienne cadre de NBC Universal qui s’appuie sur son expérience de la télévision pour bonifier le contenu de X. Le fiasco de jeudi illustre les défis de Mme Yaccarino, qui s’efforce d’attirer les annonceurs et les créateurs de contenu sur la plateforme, dans l’ombre de l’impulsif M. Musk.

Ce texte a été publié dans le New York Times.

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