Les coûts liés au licenciement collectif annoncé à l’automne contribuent à creuser les pertes au Groupe TVA, alors que les revenus continuent de chuter et que les craintes entourant un conflit de travail persistent.

Une charge de 20 millions de dollars découlant de la rationalisation des activités d’exploitation est inscrite dans les résultats de fin d’exercice publiés en fin de journée mercredi.

Le télédiffuseur montréalais avait annoncé le 2 novembre dernier le licenciement de 547 employés, l’équivalent d’approximativement le tiers de l’effectif.

Le grand patron Pierre Karl Péladeau avait alors dit que la situation déficitaire dans laquelle se trouve l’entreprise n’est plus viable, qu’elle témoigne de la gravité de la situation et que le modèle d’affaires de la télévision traditionnelle est bouleversé pour toujours.

Les revenus des mois d’octobre, novembre et décembre ont reculé de 12 %, à 152 millions. Un recouvrement d’impôt de 6 millions atténue les pertes du trimestre de fin d’année, mais ces dernières s’élèvent néanmoins à 16 millions alors qu’elles étaient inférieures à 300 000 $ un an plus tôt.

Crise des médias

Pour l’ensemble de l’exercice 2023, la perte nette du Groupe TVA a plus que quintuplé, à 48 millions. Elle était de 9 millions en 2022.

Les résultats du secteur Télédiffusion continuent d’être grandement affectés par la crise que vit l’industrie des médias.

Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québecor, dans un communiqué

« Le déploiement au cours des prochains mois des mesures annoncées le 2 novembre, comprenant le resserrement de la mission de Groupe TVA à titre de diffuseur uniquement, la réorganisation de son service de l’information et l’optimisation de son parc immobilier, le tout engendrant l’abolition de 547 postes, est essentiel afin de permettre à l’entreprise de retrouver une meilleure posture financière pour assurer sa survie », poursuit M. Péladeau dans le communiqué.

Pierre Karl Péladeau réitère que les instances gouvernementales et réglementaires doivent mettre en place des actions concrètes, dès maintenant, afin d’accorder des allègements, de la flexibilité et des crédits d’impôt mieux adaptés aux réalités relatives aux productions cinématographiques et télévisuelles.

Blitz de négociations

Des rencontres intensives de négociations se déroulent depuis le début de la semaine et se poursuivront la semaine prochaine entre l’employeur et le syndicat des employés de TVA dans le but de renouveler la convention collective.

L’objectif est d’attacher tous les fils afin de parvenir à une entente de principe entourant les emplois, la sous-traitance et les conditions de travail d’ici le 1er mars. En cas d’échec des négociations, un conflit de travail pourrait survenir dès le mois prochain.

L’employeur se prépare d’ailleurs à un conflit de travail afin de parer à l’éventualité où il serait impossible de conclure les discussions sur un accord.

« Comme tout employeur responsable, bien que nous souhaitions en arriver à une entente négociée, nous devons prévoir toutes les éventualités si un conflit de travail devait survenir (comme une grève ou un lock-out). Ceci implique notamment la mise en place d’un plan de contingence, afin d’assurer la continuité des affaires et des opérations de TVA au besoin », indique à La Presse la porte-parole de TVA, Véronique Mercier.

Elle précise que la volonté de l’employeur demeure d’en arriver à une entente négociée, mais préfère ne pas commenter davantage « par respect pour les négociations ».

Le syndicat des employés de TVA n’a pas souhaité accorder d’entrevue à La Presse, disant préférer concentrer ses énergies sur la négociation en cours.

Selon nos informations, toutefois, l’employeur démontrerait de l’ouverture sur de potentielles « pistes d’atterrissage », ce qui donne espoir d’éviter un conflit de travail.

Les pourparlers se déroulent en présence d’un médiateur qui portait jusqu’à tout récemment le chapeau de conciliateur. Au terme de son mandat de conciliateur, il s’est transformé en médiateur en vertu de la loi, ce qui ne change rien dans les faits. C’est la même personne qui fait le même travail. Sa présence vise à rapprocher les deux parties.