Le gouvernement fédéral affirme que sa stratégie élargie en matière de consommation de drogues et de substances permettra de sauver davantage de vies et d’offrir plus de services aux personnes touchées de manière disproportionnée par la crise des surdoses au Canada.

Depuis l’élaboration de la Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances en 2016, le paysage des drogues a changé et l’offre est de plus en plus toxique, a déclaré lundi Santé Canada en présentant son plan « renouvelé ».

La pandémie de COVID-19 a également révélé des lacunes dans l’approche du gouvernement et mis en évidence la nécessité d’une réponse plus holistique et intégrée, a indiqué l’agence fédérale.

« Les méfaits de la consommation de substances et la crise des surdoses découlent de nombreux facteurs complexes et interreliés. Pour agir sur ces facteurs, nous devons disposer d’une gamme complète de services et de mesures de soutien », peut-on lire sur le site web de Santé Canada, sur une page mise à jour lundi.

Les domaines prioritaires de la stratégie sont la prévention et l’éducation, le traitement, la réduction des méfaits, le soutien au rétablissement, les données probantes et le contrôle des substances.

La mise à jour met davantage l’accent sur la lutte contre les inégalités dans ces domaines, a déclaré Santé Canada.

Cela implique d’investir dans des programmes communautaires pour rejoindre les jeunes, les groupes marginalisés et d’autres personnes exposées de manière disproportionnée aux méfaits en raison de la consommation de substances.

La pauvreté, la maladie mentale, l’exposition à la consommation de substances par les pairs, la douleur chronique non gérée, l’accès instable au logement et les traumatismes sont autant de facteurs de risque.

La discrimination et les traumatismes subis par les peuples autochtones, les Noirs et les personnes LGBTQ+ peuvent les exposer à un risque plus élevé, ajoute Santé Canada.

La stratégie se concentre également sur le contrôle des substances, notamment en luttant contre le crime organisé qui alimente le marché illégal des drogues.

Les outils destinés à la police et au système judiciaire comprennent une formation sur la stigmatisation parmi les consommateurs de substances, la surveillance des surdoses et les moyens de détourner les personnes consommant des drogues du système de justice pénale vers les services de santé et de services sociaux.

Investissement

Ya’ara Saks, ministre de la Santé mentale et des Dépendances ainsi que ministre associée de la Santé, a également déclaré, lundi, que 21 millions seront consacrés à 54 projets de réduction des méfaits à travers le pays.

Cet argent fait partie des 144 millions du budget fédéral réservés plus tôt cette année à la lutte contre la toxicomanie.

« Le but de notre approche complète et empreinte de compassion est de réduire les risques et de sauver des vies. Nous appuyons des organismes communautaires qui sont bien ancrés dans leurs communautés, qui jouissent de la confiance de leurs clients et qui possèdent les connaissances directes nécessaires pour faire une réelle différence dans la vie des gens », a affirmé Mme Saks, par voie de communiqué.

Le Service de vérification des drogues de Toronto, géré par l’hôpital St. Michael, a reçu 2 millions de ces fonds sur deux ans, a déclaré Karen McDonald, responsable du service.

L’argent permettra à plus de personnes de faire contrôler leurs drogues dans davantage d’endroits, a soutenu Mme McDonald dans une entrevue.

« Nous allons pouvoir ouvrir davantage de sites afin de pouvoir interagir avec davantage d’utilisateurs de services et collecter plus d’échantillons », a-t-elle dit.

Les gens viennent au service avec les drogues qu’ils envisagent d’utiliser et un échantillon est envoyé à un laboratoire, a expliqué Mme McDonald. Les résultats reviennent environ un jour plus tard avec des informations sur ce que contiennent réellement les drogues, ce dont l’utilisateur n’est peut-être pas au courant.

En plus de donner des informations aux individus, le service partage ses conclusions globales avec la communauté afin que les gens aient une meilleure idée des contaminants qui circulent dans les drogues.

Les échantillons de fentanyl sont souvent contaminés par des suppresseurs du système nerveux central tels que la xylazine ou les benzodiazépines, qui augmentent le risque de surdose.

« Lorsque nous parlons de l’approvisionnement en fentanyl, nous constatons qu’il est incroyablement et de plus en plus contaminé et imprévisible », a indiqué Mme McDonald.

« C’est précisément ce qui entraîne la mort de nos communautés. Alors les gens ne savent tout simplement pas ce qu’ils utilisent. »