Des souliers blancs ont été installés dimanche matin à l’angle du boulevard Saint-Laurent et de la rue Jean-Talon, à l’endroit où la piétonne Fabienne Houde-Bastien, 31 ans, a perdu la vie en mai.

« Les souliers avec lesquels tu as marché tes derniers pas se tiendront ici fièrement, tel un symbole, qui nous l’espérons aideront à éveiller les consciences et à faire changer les choses pour que d’autres drames comme le tien ne se reproduisent plus », a témoigné la mère de la défunte, au cours d’une cérémonie chargée d’émotions.

Pour la première fois, l’organisme Souliers et vélos fantômes Québec rendait hommage à une piétonne morte. La cérémonie s’est tenue dimanche matin devant une centaine de personnes.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

La cérémonie s’est tenue dimanche matin devant une centaine de personnes.

« Ça fait maintenant cinq mois et des poussières que tu nous as quittés. C’est comme si hier encore nous pouvions entendre ta voix. Pourtant, une éternité nous sépare de la dernière fois où on a pu te serrer dans nos bras », a déclaré la mère de Fabienne, avant de faire une promesse à sa fille. « Celle de profiter de la chance que nous avons de nous lever chaque matin, aussi difficile que cela puisse être. »

Trois fois au-dessus de la limite

Le 21 mai, après une soirée entre amis, Fabienne Houde-Bastien marchait sur le boulevard Saint-Laurent en rentrant chez elle. Au moment où la jeune trentenaire s’engageait dans la rue Jean-Talon, un chauffard est arrivé à grande vitesse dans la rue Jean-Talon, a brûlé son feu et a percuté de plein fouet un VUS qui roulait sur le boulevard Saint-Laurent. L’impact a été si violent que le véhicule heurté a fait un tonneau et s’est renversé sur la jeune femme.

Le chauffard, Vi Trung Ngo, est accusé d’avoir blessé un homme et d’avoir tué Fabienne Houde-Bastien en conduisant avec les facultés affaiblies et avec une alcoolémie trop élevée. Le garagiste de 47 ans présentait cette nuit-là une alcoolémie de 0,213, soit presque trois fois la limite légale de 0,08.

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Pour la première fois, l’organisme Souliers et vélos fantômes Québec rendait hommage à une piétonne morte.

Propriétaire du garage Auto Vi dans Rosemont, Vi Trung Ngo a reçu pas moins de 40 constats d’infraction, dont 4 fois avec un cellulaire en main, 2 fois pour un feu rouge brûlé et 5 fois pour avoir conduit sans permis. Un mois avant la collision, Vi Trung Ngo a heurté un véhicule à basse vitesse devant des policiers.

Premiers souliers fantômes

Pour ses dix ans, Vélo Fantôme a élargi son mandat et sa portée en septembre. L’organisme installera dorénavant des mémoriaux pour les cyclistes ainsi que pour les piétons à la grandeur de la province. Une campagne de sociofinancement a été lancée en septembre pour soutenir la nouvelle mission du groupe. Jusqu’à présent, plus de 4000 $ ont été amassés sur la plateforme Zeffy.

Avec un nom renouvelé, Souliers et vélos fantômes Québec souhaite ainsi mieux mettre en lumière la gravité et la multiplication des drames humains en matière de sécurité routière. Les souliers blancs seront installés aux intersections où des piétons meurent après une collision, comme c’est déjà le cas depuis plusieurs années avec les vélos fantômes.

Le premier vélo fantôme a été installé en 2013 à la mémoire de la cycliste Suzanne Châtelain, qui était morte des suites d’un emportiérage le 18 juillet 2013 à l’angle de l’avenue du Parc et de la rue Saint-Viateur.

Avec Louis-Samuel Perron et Henri Ouellette-Vézina, La Presse

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