Montréal vient de réaménager la rue devant une école du Plateau-Mont-Royal pour sécuriser les lieux, mettre un frein à la circulation de transit, et donner davantage d’espaces aux écoliers, un projet qui pourrait faire des petits dans les prochaines années.

Les près de 400 enfants de l’École primaire Paul-Bruchési auront désormais accès à une place-école devant leur établissement scolaire, l’une des premières installations sécurisées permanentes du genre à Montréal, et la première dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

« C’était une demande du conseil d’établissement de l’école depuis plusieurs années, car la cour d’école est trop petite, et on est content de pouvoir la mettre en place aujourd’hui », explique Marianne Giguère, conseillère de ville pour le district de De Lorimier et conseillère associée au comité exécutif de la Ville de Montréal.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Réalisée par la firme d’aménagement l’Arpent, la place-école occupe la section de rue de Lanaudière qui est située entre la rue Gilford au sud, et le boulevard Saint-Joseph au nord. Huit grands bancs d’église et trois tables de pique-nique ont été installés le long de la place, de même que plusieurs supports qui affichent des dessins réalisés par des enfants. Au sol, des dessins colorés ont été réalisés à partir de dessins d’enfants.

La place sera déneigée durant l’hiver, et un jeu de 3,5 mètres a été laissé entre les gros bacs de béton qui délimitent l’endroit afin d’y permettre le passage des véhicules d’urgence.

L’an prochain, des bacs d’agriculture urbaine seront installés, de sorte que les enfants pourront y faire pousser des légumes. L’organisme communautaire la Maison d’Aurore, dont les locaux sont attenants à la place, participe au projet.

« Aussi, on veut garder le sentiment d’espace de la place. Et même que les enfants pourront y venir faire des activités avec leur enseignant », dit Mme Giguère.

Pour réaliser le projet, la circulation des véhicules motorisés a été interdite sur ce tronçon. Le débarcadère utilisé par les autobus scolaires est situé de l’autre côté de l’établissement, sur la rue Chambord, et n’a pas été affecté. Un nouveau débarcadère a aussi été aménagé sur la rue Garnier, non loin de l’école.

« La plupart des enfants du quartier viennent à pied, et la rue est située entre l’école et l’église Église Saint-Stanislas-de-Kostka, et n’était pas très passante, dit Marianne Giguère. Ça aurait peut-être été plus compliqué s’il y avait par exemple eu des condos ou des commerces ici, mais ce n’est pas le cas. »

Mme Giguère espère que d’autres établissements scolaires pourront bénéficier de tels aménagements ailleurs à Montréal.

« Ce n’est pas quelque chose qu’on va imposer. Il faut que ça vienne du milieu, il faut que les gens le demandent et prennent part au projet », dit-elle.

Huit mauvais comportements la minute

Le tout survient alors que les comportements de nombreux conducteurs de véhicules automobiles près des écoles de la province continuent d’inquiéter les autorités.

Jeudi, CAA-Québec tenait une activité « d’observation en zones scolaires », comme elle fait depuis quelques années. Au total, neuf écoles réparties à travers la province, à Montréal, Québec, en Mauricie, dans le Centre-du-Québec et dans Chaudière-Appalaches, ont fait l’objet d’une surveillance à l’heure de la rentrée des classes.

Résultat : un total 425 comportements « à risque ou interdits » ont été observés en 45 minutes, ce qui représente grosso modo près de huit mauvais comportements par minute, lit-on dans un bilan de l’organisme.

Sur ces 425 comportements à risque, plus de la moitié des infractions (214) étaient reliées à la vitesse « à l’approche et à l’intérieur de la zone scolaire » par des automobilistes, et ce « malgré une signalisation bien présente et des affiches clignotantes avec le 30 km/h ».

Les automobilistes représentent d’ailleurs 83 % des comportements problématiques décelés, à savoir 352 d’entre eux. Le reste a été commis par des piétons, des cyclistes ou des trottinettes (48), des parents aux abords des écoles (25) ou encore des conducteurs d’autobus scolaire (23).

« On a vu des gens faire des demi-tours en face de l’école ou encore débarquer des enfants sur leurs quatre clignotants en plein milieu de la voie en ouvrant la portière du côté conducteur. C’est très dangereux. Il y aussi des automobilistes qui ne respectaient pas le panneau de l’autobus scolaire », explique à La Presse le porte-parole de CAA, David Marcille.

Selon lui, ces données « ne font démontrer qu’il reste encore beaucoup de travail à faire en sécurité routière pour sensibiliser les usagers à la vigilance en zone scolaire, mais aussi à la grandeur du réseau routier ».

Outre la vitesse, le non-respect de la signalisation routière, des consignes du brigadier et des priorités de passage a aussi été observé à plusieurs reprises, tout comme la non-utilisation des clignotants, l’utilisation du cellulaire au volant ou encore le non-port de la ceinture de sécurité. « Il y a clairement une responsabilisation qui doit se faire de façon individuelle. Et ça concerne tous les usagers », conclut M. Marcille.