« On est sous le choc »
« On a de la misère à parler, on ne peut pas étudier, notre vie n’est pas normale : on est sous le choc », confie Mohammad Tawfiq Fushanji, rencontré mercredi au Centre des femmes afghanes de Montréal. Étudiant au doctorat en gestion à l’Université Concordia, l’homme de 29 ans s’inquiète pour toute sa famille qui demeure dans la zone du séisme. Samedi matin, il s’est réveillé avec un texto de son frère le rassurant : « Ne t’inquiète pas, nous allons bien. » Puis, il a vu les nouvelles.
Un bilan sous-estimé ?
Un séisme de magnitude 6,3 et plusieurs répliques ont frappé cette région pauvre de l’ouest de l’Afghanistan samedi dernier. Puis, mercredi, un nouveau séisme de même magnitude a ébranlé la région. Le gouvernement taliban a revu à la baisse le nombre estimé de victimes du premier séisme, qui aurait fait 1000 morts selon les autorités. Mais, pour Mohammad et sa famille, le bilan est au contraire beaucoup plus élevé. « On connaît les gens qui vivent [dans les villages détruits], on pense qu’il y a 6000 ou 7000 morts, et au moins 15 000 blessés », a-t-il affirmé à La Presse.
Trouver une voie de passage
Depuis les séismes, la communauté afghane canadienne s’organise pour tenter de venir en aide aux victimes. Mercredi, le Centre des femmes afghanes de Montréal a réuni plusieurs membres dans le but de trouver une voie de passage. Dans ses locaux du boulevard De Maisonneuve à Montréal, des femmes discutent en farsi. « On veut voir comment collecter les dons et les acheminer là-bas, pour aider les gens sur le terrain », explique la présidente et fondatrice du centre, Makai Aref.
Des besoins pressants
Pour Homaira Hariva, aussi originaire de la région d’Hérat, les besoins sont pressants. Ses propres parents vivent désormais dans une tente, tandis que son frère et sa sœur ont des nouveau-nés à protéger. « Mais la majorité des victimes n’ont même pas de tente, ils ont perdu leur famille, ils n’ont plus rien », déplore-t-elle. C’est d’ailleurs elle qui a contacté le Centre pour organiser l’aide humanitaire. Les organisations internationales peuvent acheminer des denrées, souligne-t-elle, mais les besoins sont trop grands. La communauté afghane doit aussi se mobiliser.
Une population vulnérable
« La situation est très périlleuse à Hérat, parce qu’on est au tout début de l’hiver », confirme Patrick Robitaille, conseiller principal pour les politiques et les relations gouvernementales de l’organisation internationale Save the Children, présente sur le terrain. « C’est une population déjà extrêmement vulnérable. Les deux tiers de la population ont des besoins d’aide humanitaire d’urgence, et 40 % de la population fait face à une malnutrition sévère », souligne-t-il. En avril dernier, l’ONU affirmait que la crise humanitaire en Afghanistan était la plus grave au monde. « La solidarité est vraiment importante dans les temps difficiles comme ça », renchérit M. Robitaille.
De l’argent plutôt que des denrées
Pour les femmes réunies à Montréal mercredi, envoyer de l’argent par l’entremise d’organisations ou de leurs propres réseaux sur le terrain là-bas est la façon la plus rapide d’offrir une aide d’urgence. « Envoyer des denrées, c’est complètement impossible, affirme aussi Patrick Robitaille, de l’organisation Save the Children. Mais envoyer de l’argent, c’est ainsi qu’on peut permettre aux gens de répondre à leurs besoins les plus pressants. Les familles à travers le monde peuvent faire une grosse différence en appuyant leurs proches là-bas et les organisations qui les soutiennent. »