(Ottawa) Affaires mondiales Canada affirme que le Canada est susceptible de déployer des agents de la GRC en Haïti pour agir en tant que formateurs dans le cadre d’une intervention militaire multinationale, les responsables promettant de se concentrer davantage sur la prévention de la violence sexuelle.

« La GRC envisage de s’attarder à la formation technique », a déclaré Lisa Vandehei, chef du groupe de travail interministériel sur Haïti à Affaires mondiales Canada.

« La mission de formation du Canada, sa planification est toujours en cours », a-t-elle déclaré jeudi devant le comité sénatorial des affaires étrangères.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé lundi la création d’une force multinationale pour aider à combattre les bandes violentes en Haïti, que le Kenya a proposé de diriger d’ici janvier.

Mme Vandehei a déclaré que le Canada était toujours en train d’évaluer sa contribution à la mission, ajoutant que le Kenya était prêt à lancer un déploiement dans les 90 jours suivant la ratification de la mission par son Parlement.

Elle a affirmé que la GRC formerait probablement les agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) dans des « domaines techniques très chirurgicaux » grâce à un modèle selon lequel chaque agent formé au Canada enseignerait ensuite à d’autres pairs haïtiens.

Elle a affirmé que la GRC formerait probablement les agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) dans des « domaines techniques très chirurgicaux » grâce à un modèle selon lequel chaque agent formé au Canada enseignerait ensuite à d’autres pairs haïtiens.

« La GRC est la meilleure au monde dans plusieurs domaines du maintien de l’ordre dont la PNH a besoin », a-t-elle fait valoir.

La prévention des violences sexuelles

Affaires mondiales Canada affirme dans une nouvelle déclaration qu’Ottawa « se concentre sur la prévention des violences sexuelles et basées sur le genre » en Haïti, soulignant que les bandes armées utilisent la violence sexuelle comme moyen de contrôler la population.

Lors de précédentes interventions militaires en Haïti, les habitants ont signalé une exploitation sexuelle généralisée de la part de leurs concitoyens et des armées étrangères, ce que Mme Vandehei a noté dans son témoignage.

« Nous sommes très conscients de cela, et particulièrement en ce qui concerne les violences sexuelles et basées sur le genre qui ont déjà lieu en Haïti, a-t-elle déclaré. Nous envisageons de travailler avec les Kenyans et les États-Unis sur la manière de mettre également à profit les leçons apprises de notre travail (historique) en Haïti. »

Mme Vandehei a déclaré que l’objectif du Canada avec la mission multinationale est de garantir que la police dispose de la formation et de l’équipement dont elle a besoin pour maintenir l’ordre en Haïti après le départ des forces étrangères, et que la société dispose des institutions nécessaires à une démocratie viable.

« Nous abordons cet enjeu avec les yeux ouverts, et c’est pourquoi nous créons une solution à multiples facettes », a-t-elle affirmé.

Après avoir observé Haïti pendant des décennies, elle a déclaré : « J’ai beaucoup d’espoir. »

Le premier ministre non élu d’Haïti a demandé une intervention internationale l’année dernière, et l’idée a semé la discorde parmi les Haïtiens, bien qu’elle soit soutenue par l’ONU et Washington.

Le pays est confronté à une profonde crise de la sécurité exacerbée par des gangs criminels effrontés, depuis le milieu de l’année 2021, entraînant une violence endémique, des épidémies de choléra, ainsi qu’un accès restreint à l’eau, à la nourriture et aux soins médicaux.

Le gouvernement libéral a imposé des sanctions à plusieurs élites politiques et économiques d’Haïti, arguant que cela aiderait à parvenir à un consensus parmi les acteurs politiques sur la manière dont les autres pays peuvent aider au mieux les Haïtiens à trouver la stabilité, et éventuellement, à organiser des élections.

Washington avait demandé au Canada de mener une intervention militaire, mais le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu’il n’était pas clair si une telle décision conduisait à une stabilité à long terme dans le pays, citant de multiples interventions antérieures qui, selon lui, avaient rendu Haïti encore moins stable.

Une autre erreur de la communauté occidentale ?

Chalmers LaRose, professeur de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal, a dénoncé jeudi l’intervention imminente comme une autre erreur qui sèmera davantage de violence et accentuera la gouvernance antidémocratique en Haïti.

« Si tout ceci se concrétise, la communauté occidentale aura réussi son pari de s’engager une nouvelle fois dans une aventure interventionniste en Haïti », a déclaré le professeur aux sénateurs, en français.

« On est encore loin de voir émerger ce consensus inter-haïtien, tant souhaité par les acteurs externes », a-t-il ajouté.

Ces derniers mois, le Canada s’est concentré sur le renforcement de la Police nationale haïtienne, la seule force armée officielle en Haïti, qui a dissous son armée il y a des années.

Mme Vandehei a fait la lumière sur ces efforts, notamment sur une annonce en juin du Groupe de coordination de l’aide internationale en matière de sécurité, qui permet au Canada de gérer la manière dont les différents pays soutiennent la PNH.

Elle a déclaré que le Canada coordonne les contributions de « plus de 26 pays », par exemple pour déterminer où l’équipement offert par les pays étrangers pourrait être le mieux utilisé en Haïti, s’il répond aux besoins locaux et s’il est interopérable avec les éléments existants.

De même, le Canada aide à élaborer un calendrier de formation afin que les policiers étrangers puissent combler les lacunes identifiées par les responsables haïtiens et canadiens. Elle a déclaré qu’une partie de l’idée consiste à retirer des cohortes pour les former en nombre qui ne perturberont pas une force de police déjà sous pression.

Mme Vandehei a noté qu’il y a environ 9000 policiers pour un pays de plus de 11 millions d’habitants.

La carrière de la sénatrice de l’Ontario Gwen Boniface s’est concentrée sur le maintien de l’ordre transnational, y compris un passage en Haïti, et elle a déclaré qu’Ottawa pourrait apporter une contribution significative, mais qu’il devait trouver un équilibre avec le manque de personnel au pays.

« Je veux voir les Canadiens sur le terrain, mais j’essaie de trouver un équilibre », a déclaré la sénatrice.

Mme Vandehei a ajouté que les bandes armées sont devenues tellement ancrées en Haïti qu’elles font office de gouvernement et de système judiciaire dans certaines régions, malgré le fait qu’elles infligent une « violence indescriptible » aux habitants.

« Nous devons être incroyablement nuancés dans la manière dont nous abordons cette complexité », a-t-elle fait valoir.