Des centaines de manifestants se sont rassemblés dimanche au centre-ville de Montréal pour dénoncer le silence international face à ce qu’ils qualifient de génocide dans l’enclave séparatiste du Haut-Karabakh, reprise de force il y a quelques jours.

Ils ont exigé du gouvernement Trudeau qu’il adopte des sanctions vis-à-vis de l’Azerbaïdjan pour la récente attaque qu’elle a menée dans le but de ramener le territoire à majorité arménienne sous son autorité.

Ottawa est également appelé à fournir de l’aide humanitaire à l’Arménie afin de l’aider à accueillir la centaine de milliers de réfugiés qui ont fui le Haut-Karabakh en quelques jours à peine, laissant craindre qu’il se soit maintenant vidé de presque toute sa population arménienne.

« Le gouvernement du Canada a toutes les capacités d’agir dans ce domaine, avec des sanctions, mais ne l’a pas fait », a décrié un des orateurs et membres de l’Union des communautés arméniennes du Québec, Shant Karabajak. « Il a transigé la souffrance des Arméniens [du Haut-Karabakh] pour du pétrole ou gaz. »

« Justice pour l’Artsakh », scandait la foule, composée majoritairement de personnes d’origine arménienne, en référence au nom de cette république autoproclamée dont le gouvernement a annoncé sa dissolution d’ici la fin de l’année.

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« Justice pour l’Artsakh », scandait la foule en référence au nom de cette république autoproclamée dont le gouvernement a annoncé sa dissolution d’ici la fin de l’année.

Jeunes et moins jeunes présents sur place ont été appelés à écrire directement à la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, pour l’alerter de la situation.

Plusieurs politiciens en appui

Plusieurs politiciens ont ensuite pris la parole aux côtés des organisateurs, signe de l’importance de la communauté arménienne au Québec, qui compterait environ 80 000 membres dans la province.

La députée libérale de la circonscription lavalloise de Chomedey, Sona Lakhoyan Olivier, a notamment dénoncé les « deux poids, deux mesures » d’Ottawa. « Les Ukrainiens ont besoin d’aide, on les aide. Les Arméniens ont besoin d’aide, on leur tourne le dos », a-t-elle décrié avant d’entreprendre un vibrant discours en arménien, elle dont les deux parents sont originaires de l’Arménie.

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Le député du Bloc québécois Denis Trudel s’est dit solidaire du sort vécu par les Arméniens du Haut-Karabakh, qui ont proclamé leur indépendance en 1991, même si l’enclave est reconnue internationalement comme faisant partie de l’Azerbaïdjan. « Le peuple québécois, lorsqu’on voit un autre peuple se battre pour sa liberté, on est là », a-t-il lancé à la foule.

Le député néo-démocrate Alexandre Boulerice a quant à lui qualifié le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, de « criminel » et exigé qu’Ottawa impose rapidement des sanctions au pays. « C’est la seule façon de se faire entendre », a-t-il décrété.

L’attaque de l’Azerbaïdjan pour reprendre de force le Haut-Karabakh, le 20 septembre dernier, a eu lieu après un blocus de la région qui durait depuis des mois et compliquait l’acheminement de nourriture et de médicaments.

Au point où l’ancien procureur de la Cour pénale internationale Luis Moreno Ocampo avait affirmé en août dernier qu’un « génocide contre les 120 000 Arméniens vivant dans le Haut-Karabakh, aussi connu comme Artsakh, est en cours ».