La santé publique offrait à Loto-Québec une voie de passage pour la réalisation de son salon de jeux non loin du Centre Bell. En se pliant à de sévères conditions, y compris l’absence totale de publicité et de promotion du projet, la société d’État aurait pu le mettre en branle, malgré un avis défavorable.

Dans son avis rendu public mercredi matin, au lendemain de l’annonce par Loto-Québec de l’abandon de son projet, la Direction nationale de la santé (DNSP) détaille trois conditions que la société d’État devait respecter « si [elle] décidait tout de même d’aller de l’avant ».

  • La réduction « substancielle » du nombre d’appareils électroniques de jeu prévue sur le site par Loto-Québec, qui espérait en installer 350 au restaurant Taverne 1909, un édifice de quatre étages jouxtant le Centre Bell.
  • Le retrait de tous les appareils de loterie vidéo (ALV) dans un rayon de 2,3 km autour du salon de jeu et 350 de plus sur le territoire montréalais, dans un délai de deux ans.
  • L’absence « totale » de publicité, de promotion ou de programme de fidélisation, sur le jeu de hasard et d’argent au salon de jeux.

En plus de ces conditions, la DNSP aurait également imposé la mise en place d’un groupe d’experts sous son autorité pour évaluer le projet durant ses cinq premières années de vie. Afin d’optimiser le travail de ce groupe, il aurait dû avoir « un plein accès aux informations relatives à ce projet qui seraient requises pour remplir son mandat », explique-t-on.

Qui plus est, la DNSP aurait eu droit de vie ou de mort sur le projet de salon de jeux à la fin de cette période de cinq ans si « les données recueillies démontraient que ses opérations portent préjudice à la santé de la population ».

« À moins que la Ville nous tende la main »

Si la DNSP impose toutes ces conditions, c’est qu’elle juge le projet de Loto-Québec, dans sa forme actuelle, « ne peut être considéré comme acceptable ». Elle s’inquiète notamment de la « croissance effective » de la pratique des jeux de hasard et d’argent « en considérant l’environnement montréalais, où l’offre de jeu est déjà élevée », ce qui rejoint l’avis de sa direction régionale révélé lundi par La Presse.

« Bien que Loto-Québec indique qu’aucune publicité spécifique aux aspects [de jeux d’argent et de hasard] du salon de jeu ne serait faite par le groupe CH pour les deux premières années, il n’y a aucune précision pour la suite », soulève-t-on, entre autres.

Joint mercredi, Loto-Québec n’a pas voulu commenter la parution de ce nouvel avis sur lequel, encore lundi, elle affirmait qu’elle baserait sa décision.

La société d’État réfère plutôt à une entrevue accordée par son président et chef de la direction, Jean-François Bergeron, sur les ondes du 98,5 où il décrète qu’« à moins que la Ville [de Montréal] nous tende la main, à moins qu’il y ait des signaux », le projet ne verrait pas le jour.