(Ottawa) Tamara Lich était présidente de la société créée pour gérer les dons versés au « convoi de la liberté », et certains la considéraient même comme la présidente de l’ensemble du mouvement, a-t-on appris mercredi au procès de la résidante de Medicine Hat, en Alberta.

Les enregistrements de plusieurs longues conférences de presse organisées par les porte-parole du « convoi de la liberté » ont été diffusés dans la salle d’audience, mercredi, au septième jour du procès de Chris Barber et Tamara Lich, deux organisateurs de la manifestation.

Dans l’une d’elles, Mme Lich s’est identifiée comme l’organisatrice du convoi, mais un autre organisateur, Ben Dichter, a déclaré qu’elle en était en réalité la « présidente ».

« Elle est si modeste », disait-il.

Une commission d’enquête qui s’est penchée sur l’utilisation, par le gouvernement fédéral, de la Loi sur les mesures d’urgence pour mettre fin à la manifestation a révélé l’année dernière qu’un noyau d’organisateurs avait formé la société « Freedom Corp » pour gérer les dons reçus sous la direction de leur avocat de l’époque, Keith Wilson. Mme Lich figurait sur la liste des présidents de la société.

M. Barber et Mme Lich font partie des personnes qui ont organisé la manifestation lors de laquelle des centaines de camions se sont rendus à Ottawa à l’hiver 2022 pour dénoncer les mesures sanitaires liées à la COVID-19 et appeler à la démission du premier ministre Justin Trudeau.

Ils font tous deux face à des accusations de méfaits, d’avoir conseillé à d’autres personnes de commettre des délits, d’intimidation et d’entrave au travail des policiers en raison de leur implication dans la manifestation qui a bloqué les rues de la capitale fédérale pendant trois semaines.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Des centaines de camions se sont rendus à Ottawa à l’hiver 2022 pour dénoncer les mesures sanitaires liées à la COVID-19.

Les conférences de presse présentées mercredi font partie des dizaines de publications et de messages sur les réseaux sociaux qui ont été compilées par la sergente Joanne Pilotte, de la police d’Ottawa, qui est présente à la barre depuis plusieurs jours.

La Couronne demandera à la juge d’utiliser le contenu trouvé sur les réseaux sociaux pour « évaluer la portée de la voix (de Mme Lich) », a fait savoir l’avocat de la Couronne, Tim Radcliffe, au tribunal mercredi.

La défense fait valoir que ces vidéos ne devraient pas être admises en preuve au procès, qui est entendu devant juge seule.

L’avocat de Mme Lich, Lawrence Greenspon, prévoyait soutenir qu’une grande partie des preuves tirées de la page Facebook « Freedom Convoy 2022 » ne sont pas pertinentes par rapport aux accusations.

Me Radcliffe a cependant affirmé que les déclarations faites par d’autres utilisateurs sur la page Facebook aident à situer l’influence de Mme Lich et de M. Barber sur le mouvement.

Les avocats devraient faire valoir leur position sur l’admissibilité des preuves de Facebook plus tard au cours du procès.

Contre-interrogatoire

Lors du contre-interrogatoire, l’avocate de M. Barber, Marwa Younes, a présenté au tribunal plusieurs vidéos du compte TikTok de son client, BigRed19755, dans lesquelles il appelait les manifestants à se comporter de manière pacifique et à respecter la police.

Dans une vidéo tournée le 1er février, M. Barber a exhorté les manifestants à rester pacifiques. Il a déclaré que la dernière chose dont la manifestation avait besoin était une insurrection inspirée de l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole des États-Unis, à Washington.

« C’est ma plus grande peur », peut-on l’entendre dire.

La sergente Pilotte a précisé qu’elle n’avait pas choisi les vidéos à télécharger dans le cadre de l’enquête. Elle a été dirigée vers des vidéos spécifiques par l’enquêteur responsable, Chris Benson.

M. Barber n’est pas apparu dans les vidéos qui ont été diffusées mercredi devant le tribunal, mais la Couronne espère prouver que les deux accusés ont travaillé si étroitement ensemble que les preuves contre l’un d’eux s’appliqueraient automatiquement à l’autre.

Les conférences de presse des 6 et 9 février ont été diffusées en direct sur Facebook et mettent en vedette Mme Lich et d’autres porte-parole éminents du mouvement répondant aux questions des médias indépendants.

Ils ont expliqué comment le rassemblement faisait pression sur les différents gouvernements pour qu’ils modifient les restrictions sanitaires en vigueur. Ils ont également fait part de leurs attentes concernant une éventuelle intervention policière et de leur méfiance à l’égard des médias traditionnels.