(Québec) Les travaux sont si avancés au sujet de la création d’une agence des transports que le gouvernement Legault a bien failli en faire une promesse formelle dès les élections générales de l’an dernier.

La Presse révélait lundi que le gouvernement veut transférer une partie des responsabilités du ministère des Transports à une nouvelle agence afin de mieux gérer les grands projets d’infrastructure. Le premier ministre François Legault a précisé mercredi que le mandat de l’agence porterait sur les projets de transport collectif et qu’une décision finale n’a pas été prise. Le dépôt d’un projet de loi est prévu à l’automne.

Cette réforme de la gouvernance en matière de transport est en gestation depuis un moment. La réflexion s’est amorcée au cours du premier mandat de François Legault, quelque temps après l’adoption de la Loi concernant l’accélération de certains projets d’infrastructure (projet de loi 66) de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, en décembre 2020.

Québec a alors placé sur une voie rapide 181 projets d’infrastructure (maisons des aînés, hôpitaux, écoles, transport collectif, etc.). Il a allégé les règles concernant, entre autres, les expropriations, et les autorisations environnementales et municipales.

Or les résultats sont mitigés. Dans le secteur des transports, plus de la moitié des projets se font attendre et sont toujours à l’étape de la « planification », plus de deux ans après l’adoption de la loi.

Si 20 projets sont en réalisation, 25 sont en planification au 31 mars dernier, selon les plus récentes données officielles. Cinq projets sont simplement à l’étude (dont l’ex-REM de l’Est) et deux ont été retirés depuis décembre 2020 (les prolongements du REM vers Laval ainsi que vers Chambly et Saint-Jean-sur-Richelieu).

Le gouvernement Legault a constaté depuis l’adoption de la loi que les délais continuent de s’allonger pour les projets en matière de transport. Autre source récurrente de frustration : le coût des travaux est souvent sous-estimé. Il a été échaudé par le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal, dont le budget est passé de 4,5 à 6,4 milliards en quatre ans, avant la première pelletée de terre.

C’est dans ce contexte que des travaux ont été lancés pour créer une agence des transports, en s’inspirant d’un projet plus ambitieux qu’avait présenté le gouvernement Marois en 2013.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault

Projet discret

À la fin du premier mandat de François Legault à l’été 2022, il était question de confier à l’agence des transports les grands projets du Ministère, ceux ayant une valeur importante (plus de 100 millions de dollars, par exemple).

Le fruit était mûr au point où le gouvernement a envisagé sérieusement d’ajouter la création de l’agence des transports à sa liste de promesses. Il a songé à en faire une annonce au cours de la campagne électorale.

L’idée a été écartée pour diverses raisons. Par exemple, comme l’agence Santé Québec figurait déjà dans les engagements, on a préféré ne pas proposer l’ajout d’une autre structure du genre.

Après la réélection de la Coalition avenir Québec, Geneviève Guilbault a succédé à François Bonnardel à titre de ministre des Transports et les travaux concernant la création d’une agence se sont poursuivis. Le dossier a cheminé dans la discrétion ; à preuve, la nouvelle de La Presse lundi a causé une commotion au Ministère.

La saga récente autour du REM de l’Est n’a fait que confirmer à Québec la nécessité de donner un coup de barre. La nouvelle agence devrait hériter du dossier, alors que l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), dont le travail a été critiqué plus d’une fois par le gouvernement, est dans le collimateur. Au minimum, son rôle sera revu.