La Commission municipale du Québec (CMQ) a rejeté la plainte de la mère d’Hocine Ouendi, un jeune qui avait interpellé l’automne dernier le maire d’Anjou, Luis Miranda, à la suite de l’interdiction de la pratique du soccer libre dans certains parcs de l’arrondissement.

Lors de la séance du conseil municipal du 4 octobre 2022, M. Miranda avait balayé l’intervention d’Hocine Ouendi, notamment après avoir appris que celui-ci était âgé de 15 ans, à l’époque.

« Avoir su, je ne vous aurais pas répondu », peut-on l’entendre articuler dans la séquence vidéo. Puis, s’adressant à la mère de l’adolescent, l’élu réitère : « J’aurais même pas dû lui parler ! »

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Peu après ces évènements, Karima Bedjou dépose une plainte auprès de la CMQ dans laquelle elle reproche au maire des manquements graves à quatre articles du Code d’éthique et de conduite des membres du conseil de la ville et des conseils d’arrondissement, dont celui d’« agir en tout temps avec respect à l’égard des […] citoyennes et citoyens ».

C’est tout récemment que Mme Bedjou a reçu une réponse, toutefois : à la suite de son enquête, la CMQ a choisi de ne pas poursuivre « plus avant ce dossier », écrit-elle dans sa décision.

Décision critiquée

Réagissant par voie de communiqué, le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), qui a assisté Mme Bedjou dans le dépôt de sa plainte, a estimé que la CMQ avait le devoir « au nom de l’intégrité et de la transparence » d’expliquer sa décision. D’autant plus qu’il s’agit, selon le directeur général de l’organisme, Fo Niemi, d’une « violation des droits et des obligations des élus évidente ».

Il estime que les « comportements discriminatoires » de M. Miranda étaient « basés sur l’âge, la race et l’origine ethnique ou nationale du jeune ». Dans son échange avec Hocine Ouendi, le maire d’arrondissement a laissé entendre que des problèmes survenaient « seulement au soccer » et non sur les plateaux d’autres sports.

« Je veux démontrer à mon fils et à la communauté que nous, les Arabes, avons aussi le droit à la justice et à l’équité, mais malheureusement, la CMQ ne semble pas vouloir traiter ce sujet qu’est la discrimination basée sur l’origine et l’âge par un élu municipal », a pour sa part regretté Mme Bedjou.

Le CRARR déplore par ailleurs que l’annonce de la décision de la CMQ ait été faite « après 10 mois sans nouvelles » et « par la voie d’un courriel impersonnel ».

Mme Bedjou compte maintenant demander un examen par le Protecteur du citoyen du Québec de la gestion de sa plainte par la CMQ, gestion qu’elle trouve hautement problématique.