La communauté journalistique québécoise est à nouveau en deuil. Vétéran du quotidien La Presse, Gilles Normand est mort mercredi soir à la suite d’une hémorragie cérébrale. Il avait 77 ans.

Originaire de Nicolet, il était entré en 1965 au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières, affecté à la politique municipale. Il est embauché à La Presse en 1967, journal où il travaillera jusqu’en 2005. Il a été chroniqueur politique à l’Assemblée nationale de 1989 à 1998, puis de 2002 à 2005.

À Montréal, l’étendue de ses champs d’intérêt était remarquable ; chef de division aux informations générales, il avait été chroniqueur judiciaire, aux arts et à la littérature, spécialiste des compétitions internationales de voile. Amateur d’art éclairé, il a multiplié les entretiens avec les peintres québécois illustres pour de longs portraits publiés par La Presse.

Dès les années 1980, il s’était mis à la course de fond et avait participé à plusieurs marathons, au Canada comme aux États-Unis. À la fin de la décennie, à 43 ans, il avait atteint le meilleur temps au Québec pour son groupe d’âge, avec un marathon de 2 h 45 min.

Jeudi, l’ex-ministre libéral Jacques Dupuis a souligné son chagrin devant la disparition de celui qui était son ami depuis 40 ans. « Contrairement à ce que certains pourraient croire, il arrive que les politiciens et les journalistes développent des liens personnels. C’était mon cas avec Gilles Normand dont j’ai d’abord apprécié le professionnalisme et le style pour ensuite découvrir l’être hypersensible, fragile et loyal en amitié. Il me manquera. »

Un collègue « que tous regretteront »

Quand il avait pris sa retraite, en juin 2005, l’Assemblée nationale lui avait rendu hommage. « Ce qui caractérise M. Normand, c’est le respect de son métier », avait relevé Louise Harel, alors chef de l’opposition. Mario Dumont, pour l’ADQ, avait souligné « son dévouement à la cause de l’information » et Pierre Paradis, ministre libéral, avait évoqué « sa personnalité chaleureuse, son tempérament serein et son humanisme profond ».

« Sa gentillesse et son amabilité en faisaient un collègue agréable, que tous regretteront », a affirmé jeudi Norman Delisle, retraité de La Presse Canadienne. Beaucoup ont souligné son humour bienveillant ; « un client ! », lançait ce pince-sans-rire, chaque fois que sonnait son téléphone à La Presse.

Il était depuis 1989 le conjoint de Gisèle Gallichan, journaliste politique bien connue. Ils habitaient à Sainte-Pétronille. « Ses amours avec Gisèle demeureront l’évènement marquant de sa vie et expliquent sans doute pourquoi il fut si heureux à l’île d’Orléans », a fait observer jeudi François Trépanier, longtemps collègue de Gilles Normand à La Presse ; ils ont été amis pendant 40 ans, et des complices de tours mémorables dans la salle de rédaction.

« Il avait une belle plume et ses textes étaient toujours clairs et précis », a renchéri M. Trépanier.