Un homme a écopé d’une amende de 7500 $ pour avoir tiré sur un ours noir avec un fusil de chasse, au parc national Jasper, l’été dernier. Un geste motivé par la peur, mais tout de même injustifiable, selon des experts.

Serge Painchaud était accompagné de deux amis et portait ouvertement son fusil, lorsqu’il a entamé une randonnée sur le sentier Overland du parc national, le 6 août 2022.

Selon des documents judiciaires obtenus par La Presse, l’Albertain s’est senti fatigué durant la randonnée et a rebroussé chemin seul. Serge Painchaud a alors aperçu un ours noir, qui se trouvait à 30 mètres de lui, de l’autre côté d’un ruisseau.

L’homme de 42 ans a d’abord tiré un coup de semonce en l’air, après quoi l’ours a frémi et s’est avancé vers lui de quelques pas. C’est à ce moment que Serge Painchaud a tiré sur l’animal, le blessant sans le tuer.

En date de lundi, les gardiens du parc n’avaient pas retrouvé l’ours.

« Nous avons tous peur des ours »

Si la Loi sur les parcs nationaux du Canada interdit aux randonneurs de porter une arme à feu à découvert, Serge Painchaud a affirmé à la cour qu’il n’en avait aucune idée, d’après un article de Radio-Canada.

La loi fédérale interdit le port d’armes à feu dans un parc à moins qu’elle soit déchargée et rangée adéquatement.

Seuls les gardes-chasse et les personnes habitant la Réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan sont exemptés de ce règlement.

Dans sa défense, l’accusé a expliqué avoir tiré sur l’ours parce qu’il avait eu peur, mais la juge Rosanna Saccomani a rejeté cette explication.

« Cela s’appliquerait à presque toutes les personnes dans la même situation », a-t-elle signalé, en poursuivant : « Nous avons tous peur des ours. »

Les bonnes pratiques

« Tirer avec une arme à feu en tout lieu pose un danger important au public », a commenté Parcs Canada par courriel. « Le gaz poivré est légal et plus efficace pour mettre fin à une rencontre agressive sans blesser les personnes impliquées. »

« Porter une arme chargée dans un parc national est un exemple d’ignorance pure et simple », commente Kim Titchener, fondatrice de Bear Safety & More, organisation albertaine vouée à l’éducation en matière de sécurité faunique.

« Les ours noirs ne sont pas une espèce qui attaque très souvent. Quand ils entendent quelqu’un arriver, ils se cachent », souligne l’éducatrice, en entrevue avec La Presse.

Alors qu’il y a près de 800 000 ours en Amérique du Nord, on ne signale qu’une ou deux attaques mortelles par année, ajoute Kim Titchener.

L’éducatrice insiste sur les bonnes pratiques à suivre dans les milieux habités par les ours. « C’est important de faire beaucoup de bruit, de voyager en groupe si possible, de tenir ses chiens en laisse et, bien sûr, d’apporter du gaz poivré. »