Des lumières portées par des marcheurs comme autant de petites étoiles, le silence : à l’heure où la tragédie ferroviaire a frappé il y a 10 ans, Lac-Mégantic s’est souvenu de ses disparus, la nuit dernière.

Il était 1 h 14 quand la marche silencieuse réunissant plusieurs centaines de personnes s’est ébranlée du parvis de l’église Sainte-Agnès, pour se diriger d’abord sur les lieux où était situé l’ancien Musi-Café, devenu depuis l’Espace mémoire.

Plus tôt dans la soirée, l’ancienne mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, avait noté qu’on était « 3650 jours plus tard ».

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Colette Roy-Laroche, ex-mairesse de Lac-Mégantic

Plus de 3600 jours depuis qu’un train de la Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA) a déraillé puis explosé en plein centre-ville, dans la nuit du 6 juillet 2013.

Autant de journées passées sans un frère, une fille, des amis, une mère, un cousin, une voisine.

Bianca Turcotte, 28 ans, marchait en mémoire de sa meilleure amie du secondaire, Élodie Turcotte. Celle-ci se trouvait ce soir-là au Musi-Café.

« On était les deux p’tites blondes Turcotte au secondaire », s’est-elle souvenue, avant d’ajouter qu’elle marchait aussi pour les autres victimes, dont « un professeur, d’autres amis, Mathieu, Éric ». Ses quatre enfants l’accompagnaient. Le petit Wesley, un an et demi, était bien endormi dans sa poussette.

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C’est aussi des souvenirs du secondaire qu’évoquait Pierrette Turgeon Blanchet, une enseignante retraitée. Beaucoup de ses anciens élèves sont morts le 6 juillet 2013.

« Je pensais à mes élèves [en marchant]. À une en particulier, qui avait eu de la difficulté au secondaire, et qui semblait s’en sortir. Elle était avec son copain dans un logement. Elle m’habite avec plein d’autres personnes dans ma tête et dans mon cœur », a expliqué la femme.

Venus de Drummondville et Montréal spécialement pour l’occasion, Gilles Morency et Gilles Roberge ont aussi participé à la marche. Les hommes ont visionné la série télévisée Mégantic, mais aussi la série documentaire, Lac-Mégantic : ceci n’est pas un accident.

« On avait vu la catastrophe, on a découvert le drame humain », a dit Gilles Roberge.

Fermant la marche qui a réuni quelques centaines de personnes, se trouvait Roger, un pompier retraité de Longueuil qui a préféré taire son nom de famille. Quelques jours après la tragédie, il a participé aux recherches sur les lieux du drame avec d’autres collègues. Depuis, il vient à Lac-Mégantic chaque année, à cette date. Il revisite les lieux qui l’ont marqué en mémoire des victimes.

« C’est la moindre des choses que je puisse faire », a-t-il dit.

Les commémorations en mémoire des 47 victimes de la tragédie se poursuivent jeudi, à Lac-Mégantic. Une messe commémorative aura lieu à 11 h. Les premiers ministres Justin Trudeau et François Legault sont attendus.

Rectificatif
Dans une version antérieure de ce texte, les noms d’Élodie et de Bianca Turcotte avaient été inversés. Nos excuses.