L’édition 2023 du traditionnel jour du déménagement risque de ressembler à celle de l’an dernier. Ceux qui pensaient avoir une meilleure chance de trouver un nouveau logement seront sans doute déçus.

L’année « 2022 était un retour à la normale avec la réouverture de la frontière et le retour des étudiants », explique Francis Cortellino, économiste à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

On anticipe un peu le même scénario pour 2023 : des taux d’inoccupation qui restent faibles partout et des hausses de loyer qui demeurent fortes. Pour les locataires qui cherchent un logement, on peut anticiper une situation difficile comme l’an passé.

Francis Cortellino, économiste à la Société canadienne d’hypothèques et de logement

L’an dernier, le taux d’inoccupation, variable considérée comme le meilleur indicateur de l’état des lieux, selon l’analyste, était de 1,7 % au Québec. Il s’agissait du taux le plus bas en 20 ans.

Quelques taux d’inoccupation en 2022

  • Montréal : 2 %,
  • Québec : 1,5 %
  • Mont-Laurier (plus élevé au Québec) : 3,7 %
  • Gaspé, Roberval et Sainte-Sophie : 0 %

Source : Société canadienne d’hypothèques et de logement

De manière générale, les experts fixent à 3 % le « taux d’équilibre du marché », soit celui où propriétaires et locataires sont à forces égales. Un taux plus bas que 3 % avantage les propriétaires. Seulement deux régions affichaient un taux plus élevé que 2 % en 2022.

Moins de déménagements

Parmi les facteurs qui expliquent le faible taux d’inoccupation, on peut mentionner la baisse du nombre de personnes qui déménagent, ce qui réduit le parc locatif disponible. « Les hausses de prix des dernières années, combinées avec le taux hypothécaire actuel, font en sorte que les gens restent locataires plus longtemps », affirme Francis Cortellino, qui cite la région de Montréal, où le nombre de locataires qui déménagent est passé d’un sur cinq avant la pandémie à un sur dix.

Même son de cloche du côté de Karina Osiecka, porte-parole à l’Office d’habitation de l’Outaouais. Les demandes d’information y ont quadruplé dans les dernières années, mais mènent moins souvent à des déménagements.

Les gens viennent, pensent vouloir trouver un nouveau logement, puis s’arrêtent là. Ils se disent : ‟Ah, OK, ça ressemble à ça le marché, finalement, je ne veux rien savoir, je ne bouge plus.”

Karina Osiecka, porte-parole à l’Office d’habitation de l’Outaouais

Karina Osiecka ne croit pas que l’édition 2023 du 1er juillet battra des records en matière de demandes d’aide. « Les gens ont plus pris conscience de la situation dans la dernière année. Ils se sont sensibilisés au fait qu’il faut d’abord trouver un nouveau logement avant de mettre fin à son bail. »

Immigration et nouvelles constructions

Autre facteur qui contribue à la pénurie de logements : l’immigration, qui a atteint un niveau record l’an dernier au Québec. Le gain net de 146 000 nouvelles personnes qui doivent se loger a un effet non négligeable sur le marché.

Ce phénomène touche surtout Montréal et Québec, où une plus grande proportion de logements était disponible par rapport aux autres villes au pic de la pandémie. Le retour des étudiants et des immigrants, qui louent majoritairement des logements dans les grands centres, fait en sorte que les taux des deux métropoles se rapprochent maintenant de ceux des autres régions.

« La seule bonne nouvelle pour cette année est qu’on a atteint un nombre record de mises en chantier de logements locatifs en 2021 et 2022 et qu’ils arrivent sur le marché en 2023, affirme Francis Cortellino. C’est probablement l’année où on va accueillir le plus de nouveaux logements. La mauvaise nouvelle est que cette année, la mise en chantier est très faible, donc on peut anticiper une baisse de l’offre pour 2024. »

Ressources offertes

Plusieurs ressources sont offertes « aux ménages qui éprouvent des problèmes à l’occasion d’un déménagement ». Dans un courriel envoyé à La Presse, Sylvain Fournier, conseiller en communication à la Société d’habitation du Québec (SHQ), cite le Programme d’hébergement temporaire et d’aide à la recherche de logement, qui « a pour objectif de diminuer le nombre de ménages sans logis ou à risque de l’être en raison d’une pénurie de logements locatifs », et les Services d’aide à la recherche de logement (SARL), qui « accompagnent les ménages dans la recherche d’une solution durable et permanente pour régulariser leur situation ».

Consultez la page du Programme d’hébergement temporaire et d’aide à la recherche de logement Consultez les Services d’aide à la recherche de logement

À Gatineau, où la situation est particulièrement difficile avec un taux d’inoccupation de 0,8 % et où le loyer médian est le plus élevé au Québec, personne ne s’est retrouvé à la rue jusqu’à présent, affirme Karina Osiecka, dont l’organisation profite de ces services. « Chaque année, on réussit à dépanner tout le monde », ajoute-t-elle.

Alors que s’amorce la période des déménagements, plus de 4255 ménages ont déjà contacté un SARL afin d’obtenir de l’information ou une aide à la recherche de logement.