(Mitrovica) Des centaines de Serbes ont manifesté vendredi à Mitrovica, ville ethniquement divisée du nord du Kosovo, pour demander la libération d’un chef paramilitaire serbe présumé après une nuit tendue dans la région volatile.

Des commissariats de Mitrovica et de Zvecan, localité à majorité serbe du nord du territoire, ont essuyé durant la nuit des jets de grenades assourdissantes qui ont occasionné des dégâts matériels, selon la police kosovare.

Ces incidents surviennent alors que les relations entre les deux anciens ennemis ne cessent de s’envenimer depuis l’intronisation en mai par Pristina de maires kosovars albanais dans des municipalités à majorité serbe du nord du Kosovo.

Fin mai, 30 soldats de la Kfor, la force emmenée par l’OTAN au Kosovo, ont été blessés dans des heurts avec des manifestants serbes tandis que l’arrestation par Belgrade cette semaine de trois policiers kosovars a encore aggravé la crise.

Washington a appelé à leur libération tout en soulignant qu’une enquête était en cours pour faire la lumière sur l’incident.

« Il est très clair que ces policiers soit ont été emmenés en Serbie, soit se sont retrouvés en Serbie sans l’intention d’y être et doivent être libérés sans condition », a déclaré Gabriel Escobar, émissaire américain pour les Balkans occidentaux, lors d’un point presse virtuel.

Belgrade affirme que les officiers qualifiés de « gang terroriste » sont passés en Serbie, mais Pristina l’accuse de les avoir « enlevés ».

Dans la foulée, Pristina a interdit l’entrée du Kosovo aux camions portant des plaques serbes, établissant un embargo de fait sur l’importation de biens venant de Serbie.

Belgrade, soutenu par ses alliés russe et chinois, n’a jamais reconnu l’indépendance proclamée en 2008 par son ex-province, une décennie après une guerre meurtrière entre forces serbes et rebelles indépendantistes albanais.  

Dans la partie serbe de la ville divisée de Mitrovica, quelques centaines de manifestants ont défilé pour réclamer la libération du chef présumé d’un groupe paramilitaire serbe arrêté par la police kosovare.  

« Il n’est pas coupable », « Nous sommes Lune », proclamaient les banderoles en référence au surnom de l’intéressé, rapporte une correspondante de l’AFP.

Pristina l’accuse d’avoir partie liée avec les contrebandiers de la région et d’avoir orchestré les heurts contre les soldats de la Kfor.

À Leposavic, plus au nord, une équipe de la télévision nationale kosovare a rapporté avoir été physiquement agressée par des membres de la minorité serbe. Un caméraman a été battu, sa caméra a été cassée et la voiture de l’équipe a été détruite.

Selon la police, neuf journalistes au total ont été agressés vendredi.

La France, l’Allemagne et les États-Unis ont appelé les deux parties à la désescalade tandis que Washington, le plus proche allié de Pristina, a dénoncé la décision du Kosovo sur les maires.

Environ 120 000 Serbes vivent au Kosovo, dont un tiers dans le nord du territoire qui compte au total une population de 1,8 million d’habitants, en grande majorité des Albanais kosovars.