Justin Trudeau s’engage à offrir plus de ressources « à bien des niveaux » aux provinces pour minimiser l’impact des évènements météorologiques « extrêmes » qui risque de s’accentuer. Mais le premier ministre refuse pour l’instant de dévoiler son jeu, ne précisant pas dans le détail ses intentions.

« Dans les années à venir, à cause des changements climatiques, l’intensité des feux et des évènements météorologiques extrêmes va continuer d’augmenter. […] Il faut se préparer. Il faut aider les familles déplacées, les communautés, les peuples autochtones, mais il faut aussi investir en infrastructures, en préparatifs, en prévention pour minimiser l’impact qui, on sait, risque de s’accroître », a déclaré mercredi M. Trudeau, en visite à la base militaire de Bagotville, à Saguenay.

Quelques jours plus tôt, il avait reconnu que les ressources actuelles étaient surchargées. Interrogé plus précisément pour savoir si les discussions entre Québec et Ottawa ont progressé sur l’accélération de la production des avions CL-415, M. Trudeau s’est toutefois montré prudent, offrant peu de détails.

« Oui, on parle d’avions, mais aussi de plus de formation pour les pompiers, pour la population, les militaires, et de plus de ressources à bien des niveaux. On travaille pour l’instant à régler cette crise, mais c’est certain qu’en même temps, on est en train de réfléchir aux prochaines étapes », a-t-il offert.

Plus tôt cette semaine, La Presse Canadienne a rapporté que le Canada n’a pas construit d’avions-citernes comme les Canadairs CL-215 et CL-415 depuis 2015. Depuis, Bombardier a vendu son programme d’avions-citernes à Viking Air, une entreprise établie en Colombie-Britannique qui ne construira pas ses premiers appareils avant 2027 et dont le carnet de commandes est déjà rempli pour fournir l’Indonésie, la France, l’Espagne et d’autres pays européens.

Il faut dire que les enjeux sont grands. Il y a sept jours maintenant, Québec avait d’ailleurs prévenu que d’ici « une semaine », la province ferait face à une situation « problématique » en raison d’une pénurie de pilotes de la SOPFEU.

Des centaines de militaires canadiens ont déjà été déployés dans plusieurs régions pour pallier partiellement cette pénurie. « Il va certainement y avoir d’autres feux dans le pays dans les mois à venir, mais nos Forces armées vont toujours être là », a d’ailleurs promis M. Trudeau.

Les provinces mieux positionnées

Plus largement, il affirme être en train d’évaluer « comment on peut être prêts » pour la suite, dans chaque province. « Au niveau de la formation de nos Forces armées, particulièrement dans l’ouest et en Alberta, il y a beaucoup d’expertise, a-t-il noté. Les bases militaires ici, dans l’Est, sont un peu moins habituées aux incendies de forêt, peut-être plus aux inondations, mais il y a une formation continue qui se fait. » Toutes les provinces « vont donc être mieux positionnées pour les années à venir, parce qu’on apprend constamment à travailler ensemble », a insisté le premier ministre.

Rappelons qu’en Alberta, 100 pompiers viennent de terminer une formation pour participer à la lutte contre les incendies de forêt en Nouvelle-Écosse.

Pendant ce temps, l’aide internationale, elle, continue d’arriver : après 100 pompiers français et plus de 130 Américains, une centaine de pompiers espagnols et une centaine d’autres Portugais étaient attendus mercredi au nord du Québec. « L’aide internationale, c’est une solution durable », a jugé Justin Trudeau, en soulignant que « les saisons d’incendies de forêt sont souvent décalées d’un pays à l’autre, d’un hémisphère à l’autre ». « On peut compter sur des amis comme eux comptent sur nous », a-t-il conclu.

De fortes rafales, des pluies s’avérant indispensables, de la foudre ravivant les flammes : d’un bout à l’autre du pays, le Canada connaît sa pire saison d’incendies de forêt du XXIsiècle, selon les dernières données dévoilées par le ministre fédéral de la Protection civile, Bill Blair.

Plus de 47 000 kilomètres carrés ont brûlé depuis le début de l’année au pays. Au Québec, environ 7000 personnes étaient toujours privées de leur logis, mardi.

Au Québec, les risques associés aux incendies demeurent élevés dans plusieurs régions, mais surtout à Lebel-sur-Quévillon, dans le Nord-du-Québec, a indiqué mardi le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel. Dans ce secteur, la situation nécessite une surveillance constante autour des installations de l’usine Nordic Kraft en raison des risques d’explosion.

Avec Mylène Crête et Sara Champagne, La Presse