(Pékin) C’est l’aboutissement d’une vie scolaire passée à préparer d’arrache-pied l’évènement : près de 13 millions d’écoliers chinois entament mercredi les épreuves du très sélectif « gaokao », le premier à être organisé depuis l’abandon des restrictions anti-COVID-19.

Le « gaokao » (« examen de recrutement des établissements d’enseignement supérieur ») débouche sur un total de points qui détermine ensuite dans quelle université – prestigieuse ou non – et quelle spécialité pourra étudier le candidat.

« Ces quatre dernières années, je me suis levé à quatre heures du matin tous les jours pour étudier, sauf les dimanches », explique Jesse Rao, un lycéen de la métropole de Shenzhen (sud de la Chine).

« J’ai fait tout ce que j’ai pu, mais je suis encore un peu stressé ».

À Pékin mercredi matin, des parents anxieux, souvent habillés en rouge afin d’attirer la chance, sont venus accompagner leurs enfants jusqu’aux grilles des centres d’examen.

« Mon fils est plutôt détendu. Je pense que je suis plus stressée que lui », sourit Zhang Jing, une mère vêtue d’une qipao (robe traditionnelle chinoise) couleur écarlate.

« J’ai aidé mon fils dans ses études depuis la première année d’école primaire jusqu’au lycée », explique-t-elle. « Après l’examen, je serai complètement soulagée ».

Dès l’enfance

Le gaokao, dont le format est légèrement différent suivant les provinces, comprend des épreuves de chinois, d’anglais, de mathématiques, de géographie, d’histoire, de chimie, de physique ou encore de politique.

Beaucoup de parents dépensent l’équivalent de milliers d’euros pour inscrire leurs enfants, dès le plus jeune âge, à des cours particuliers afin de maximiser leurs chances de réussite face aux autres candidats au moment de l’examen.

Les candidats de cette année ont passé la majeure partie de leurs années de lycée sous le coup des restrictions imposées contre la pandémie de COVID-19 et qui ont finalement été levées en décembre.

« J’ai eu du mal à suivre les cours en ligne l’année dernière », raconte Katherina Wang, une lycéenne de Shanghai (est de la Chine) qui a subi deux confinements ces deux dernières années.

« Mais nos profs ont organisé des cours supplémentaires le soir et le week-end pour nous aider à rattraper notre retard ! »

L’enjeu conduit chaque année des candidats à se faire frauduleusement remplacer par des étudiants d’université à la table d’examen, ou bien à emporter avec eux des terminaux électroniques pour communiquer avec des personnes à l’extérieur.

« J’essaierai à nouveau »

Pour parer à toute tricherie, plusieurs provinces ont installé des portiques et scanneurs équipés de technologie de reconnaissance faciale afin de s’assurer que les candidats ne se font pas remplacer et n’emportent aucun téléphone portable, écouteur ou encore montre connectée.

Le gaokao dure jusqu’à quatre jours dans certaines provinces, avec des épreuves de 60 à 150 minutes suivant les matières.

Le score maximum est de 750, une note supérieure à 600 étant généralement nécessaire pour accéder aux universités les plus prestigieuses.

Peu, en proportion, réussiront à entrer dans ces établissements d’élite. L’an passé par exemple, seuls 3 % des candidats de la province du Guangdong (sud), la plus peuplée du pays, ont obtenu un score supérieur à 600.

Si leur résultat ne leur permet pas d’accéder à l’université de leur choix, les candidats ont également la possibilité de retenter leur chance l’année suivante.

Au total, 17 % de ceux qui avaient passé le gaokao en 2021 l’ont ainsi repassé en 2022.

« Si je n’obtiens pas le résultat que j’espère, j’essaierai à nouveau », déclare ainsi Benjamin Zhu, un lycéen de la grande ville de Canton (sud).