(Pékin) Il est certes controversé en Occident, mais en Chine, c’est une superstar : Elon Musk, patron du constructeur américain de voitures électriques Tesla, a été salué comme le « Camarade Musk » par ses fans lors de sa visite dans le pays cette semaine.

Dans la deuxième économie mondiale, posséder une voiture Tesla est devenu ces dernières années le marqueur social de la classe moyenne.

Et la réussite économique du milliardaire américain de 51 ans suscite aussi l’admiration.

Zhu Qi, propriétaire d’une Tesla dans la ville de Changsha, n’hésite pas à le dire : elle « vénère » Elon Musk pour son « grand charme personnel et son excellence constante dans son domaine » selon elle.

« La Chine n’est pas encore très ouverte… donc, que des gens comme lui viennent et partagent une partie de leurs connaissances avec nous, je trouve que c’est quelque chose d’important, dont notre pays et nos dirigeants peuvent s’inspirer », confie à l’AFP cette professeure d’université de 33 ans.

Mais « en raison de notre système d’éducation focalisé sur les examens, je pense qu’il est difficile pour la Chine de produire quelqu’un comme Musk, qui a acquis un statut de dirigeant mondial sur la base de ses intérêts personnels ».

Arrivé mardi à Pékin avant de rejoindre Shanghai mercredi soir, Elon Musk, également patron du réseau social Twitter (inaccessible dans le pays asiatique), effectuait sa première visite en Chine en plus de trois ans, profitant de la levée des restrictions anti-COVID-19.

« Frère cheval »

PHOTO TINGSHU WANG, REUTERS

EElon Musk a été accueilli à l’image d’un dirigeant politique étranger, rencontrant à Pékin plusieurs membres du gouvernement.

Les réseaux sociaux chinois ont suivi avec enthousiasme chaque minute de son séjour, avec des publications sur Weibo - similaire à Twitter - cumulant des milliards de vues.

Elon Musk a été accueilli quasiment à l’image d’un dirigeant politique étranger, rencontrant à Pékin plusieurs membres du gouvernement, auprès de qui il a salué la « vitalité » du développement chinois.

À Shanghai, il a visité le site d’assemblage Gigafactory, inauguré par Tesla en 2019, selon les images publiées sur Weibo par Grace Tao, chargée des relations publiques du groupe dans le pays.

Son jet a finalement décollé de Chine jeudi matin.

Des photos de son dîner de bienvenue mardi - incluant 16 plats différents dont des fruits de mer, de l’agneau de Nouvelle-Zélande et des nouilles traditionnelles de Pékin, à la pâte de soja - sont vite devenues virales.

De nombreux internautes ne cachaient pas leur admiration pour cet homme qu’ils surnomment affectueusement « Frère cheval », en raison du premier caractère de son nom en chinois.

« Pour Musk, il n’y a pas de pays sur cette planète, seulement des marchés… pour vendre ses marchandises », soulignait l’un d’eux. « C’est exactement le genre de capitalisme sans frontières qu’il avait prédit ».

« Heures supplémentaires »

Certains en profitaient pour se moquer des États-Unis, à un moment où les relations entre les deux pays sont particulièrement tendues.

Elon Musk « est apparemment le seul Américain bienvenu en Chine », notait un internaute sur Weibo.  

« Biden doit se demander pourquoi la Chine refuse ses invitations à rencontrer les hauts fonctionnaires américains, mais déroule le tapis rouge pour Musk », s’amusait un autre.

Un mème circulant sur la plateforme cette semaine montrait un « Camarade Musk » à l’allure d’homme d’État, debout derrière un podium flanqué de drapeaux chinois, tandis que des fonctionnaires en costume applaudissaient à l’arrière-plan.

Mais tout le monde en Chine n’a pas succombé au charme d’Elon Musk.

Ainsi, certains ont noté que les photos de sa visite à l’usine de Shanghai, où il pose entouré de centaines d’employés, ont été postées à… minuit et demi.

Ces dernières années, de plus en plus de salariés du secteur de la tech ont justement critiqué les longues heures et le niveau élevé de stress auxquels ils sont soumis.

« Cela fait un peu dépassé d’obliger tant de gens à rester au milieu de la nuit juste pour prendre des photos », estimait un internaute.

« Vous faites tous des heures supplémentaires ce soir, hein ? », s’est aussi interrogé un autre.