Le chroniqueur qui avait dévoilé l’identité de Catherine Fournier en tant que victime d’Harold LeBel à la télévision en décembre 2020, Stéphane Bédard, s’excuse pour son geste et affirme qu’il voulait initialement « soutenir les victimes ». Il versera 10 000 $ au Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS).

C’est ce qu’a annoncé Mme Fournier dimanche soir, sur le plateau de Tout le monde en parle, en confirmant qu’une entente était intervenue dimanche matin. « M. Bédard a accepté de faire don de 10 000 $ au Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS). Je le salue. Je pense que ça fait amende honorable », a expliqué la mairesse de Longueuil.

Ex-député péquiste, Stéphane Bédard commentait l’actualité à l’émission La Joute, sur les ondes de TVA à heure de grande écoute, lorsqu’il a publiquement révélé l’identité de Catherine Fournier comme victime d’Harold LeBel, alors qu’une ordonnance de non-publication était en vigueur. M. LeBel venait alors d’être arrêté par la police, le 15 décembre 2020.

« On est à chaud, on est en direct. Il n’y a pas de filtre », a-t-il fait valoir en entrevue avec La Presse, il y a quelques jours. « Mon objectif, c’était de rappeler l’importance de soutenir les victimes », a-t-il ajouté.

C’est dans cette intention qu’il dit avoir laissé échapper le nom de son ex-collègue alors qu’il était en ondes. « Je me suis fait dire dans l’oreille : il y a une ordonnance, il y a une ordonnance », se remémore-t-il. L’avocat affirme s’être excusé « par personne interposée » auprès de Catherine Fournier peu après sa bourde. Au bout du fil, il réitère toutefois ses excuses sincères « sans aucune nuance ».

La loi pas appliquée

Mme Fournier, elle, dit surtout avoir « constaté que le Directeur des poursuites criminelles et pénales ne fait pas appliquer la loi ». « Moi, je compte faire respecter mes droits. C’est pour cette raison que je me suis tournée vers un avocat au civil qui a signifié une mise en demeure à M. Bédard. Je dois dire qu’il a été très proactif dans sa réponse. Il m’a transmis une lettre d’excuses sincères », a-t-elle dit dimanche soir.

« Je ne serais probablement pas devant vous si l’ordonnance avait été respectée comme je le voulais. On ne m’a pas laissé décider, on a décidé pour moi. Mon droit à la vie privée a été violé. Je décide aujourd’hui de me réapproprier mon histoire », a-t-elle insisté.

Catherine Fournier a été députée péquiste de 2016 à 2019, puis indépendante jusqu’à son élection comme mairesse de Longueuil, en 2021. Elle avait 25 ans au moment des faits. Harold LeBel, lui, en avait 55. En entrevue avec La Presse, la semaine dernière, elle avait dénoncé le manque de soutien et de « solidarité » qu’elle a reçus à l’Assemblée nationale dans la foulée de cette affaire.

Sa sortie a suscité plusieurs réactions à l’Assemblée nationale, des élus reconnaissant la nécessité de mener une réflexion plus large sur les protocoles en cas d’accusations criminelles contre des députés.

Avec Isabelle Hachey, La Presse