Le Québec était marqué depuis les années 1960 par une tendance à la hausse de la séparation des parents. De nouvelles données laissent entendre que non seulement la tendance a atteint un plateau, mais elle serait peut-être même en train de s’inverser.

C’est ce que révèle une publication récente du ministère de la Famille du Québec. Chez les parents ayant eu leur premier enfant entre 1990 et 2009, 21 % étaient séparés cinq ans après la naissance. Ce taux de séparation est tombé à 13 % chez les parents ayant eu un premier enfant dans les années 2010.

« Depuis le début du XXIe siècle, la tendance semble cependant se stabiliser, voire ralentir », notent les auteurs du bulletin Quelle famille ?.

Ces constats doivent toutefois être nuancés, car ils proviennent de données de 2017. L’effet de la pandémie n’a donc pas été pris en compte. Ils sont toutefois fort intéressants et seront significatifs s’ils se confirment, croit Marie-Christine Saint-Jacques, professeure titulaire à l’Université Laval et directrice du partenariat de recherche Séparation parentale, recomposition familiale.

Cette idée de la stabilisation, je l’avais toujours entendue comme une hypothèse. Là, je trouve que c’est intéressant de la voir démontrée. On pensait depuis longtemps qu’on allait atteindre un plafond. Ça semble être le cas et les prochaines années vont nous le dire.

Marie-Christine Saint-Jacques, directrice de Séparation parentale, recomposition familiale

Ces chiffres montrent en fait que le taux de parents qui se séparent trois ou cinq ans après un premier enfant était semblable dans les années 2010 à celui des années 1980.

Le ministère de la Famille note « qu’il est trop tôt pour parler d’un inversement de la tendance ». Le Ministère rappelle que la pandémie n’a pas été prise en compte. Or, elle a induit des épisodes de stress aigu, de surcharge chez les parents ou de conflits conjugaux et familiaux.

À l’inverse, des études « ont rapporté qu’une portion significative de parents ont déclaré une hausse du temps de qualité passé en famille » durant la pandémie, note une porte-parole du Ministère, Esther Chouinard.

« D’autres analyses devront donc être menées au cours des prochaines années afin de mettre en évidence les possibles répercussions de la crise sanitaire sur la dynamique des séparations parentales », écrit-elle.

Les parents en union libre se séparent plus

Il reste que la séparation parentale a bien entendu explosé au cours du XXe siècle au Québec. Chez la génération Y – née entre 1976 et 1988 –, 21 % des parents se sont séparés avant le cinquième anniversaire de leur enfant. Ce taux était de 2 % chez la génération des parents nés entre 1937 et 1945.

Le bulletin Quelle famille ? relève par ailleurs que les parents en union libre se séparent davantage que ceux qui sont mariés. Chez les parents mariés nés entre 1966 et 1988, 27 % étaient séparés au 15e anniversaire de leur premier enfant, contre 58 % pour ceux en union libre.

Autre constat : les parents plus scolarisés issus des générations X et Y se séparent moins que les autres, une corrélation qui était inversée dans les générations plus âgées, où les moins scolarisés se séparaient moins.

Contrairement à ce qui était indiqué dans une version précédente, Marie-Christine Saint-Jacques est professeure titulaire à l'Université Laval, et non à l'Université de Montréal. Nos excuses.