Le Canada et les États-Unis doivent impérativement unir leurs efforts pour assurer une meilleure défense de l’Arctique devant les velléités expansionnistes de la Russie et de la Chine dans cette région du globe.

C’est du moins ce qu’a proposé l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest, dans un discours qu’il a prononcé à New York jeudi soir devant un parterre d’invités de marque réunis à l’occasion d’une rencontre de la Foreign Policy Association. M. Charest a été honoré par cet organisme, recevant la Foreign Policy Association Medal, la plus haute distinction remise à des individus pour souligner leur contribution à une meilleure compréhension des affaires internationales.

« Le Canada et les États-Unis partagent un intérêt commun et urgent pour la protection de notre souveraineté dans l’Arctique. Avec les effets des changements climatiques, notre territoire nordique se transforme littéralement sous nos yeux. Les conséquences géopolitiques sont immédiates et considérables », a avancé M. Charest dans son discours.

La région de l’Arctique est plus que jamais convoitée par les puissances étrangères comme la Russie et la Chine en raison des ressources naturelles qu’elle recèle et qui deviennent plus accessibles en raison de la fonte des glaces causée par le réchauffement de la planète.

Déjà, la Russie a multiplié les investissements afin de construire de nouveaux ports et de nouvelles infrastructures dans cette région, tout en y établissant une base militaire moderne.

Freiner les ambitions expansionnistes de la Chine et de la Russie

Selon M. Charest, le Canada ne peut à lui seul contrer les ambitions expansionnistes de ces deux pays. D’où l’importance de travailler de concert avec les États-Unis. Il a souligné que les deux alliés collaborent déjà étroitement afin d’assurer la défense du continent nord-américain par l’entremise du NORAD, entre autres.

La défense de l’Arctique doit devenir selon lui un projet commun entre le Canada et les États-Unis qui saura nourrir les relations bilatérales au cours des prochaines années, même si Washington ne reconnaît pas la souveraineté du Canada sur le passage du Nord-Ouest.

Durant la course à la direction du Parti conservateur du Canada, remportée par Pierre Poilievre, M. Charest avait d’ailleurs proposé de renforcer de manière importante la présence des forces militaires de défense du Nord canadien en établissant deux bases, dont une en eau profonde.

« Nous ne pouvons pas faire cela seul. […] Nous avons besoin du soutien et de la coopération des États-Unis et nous devons le faire en utilisant toutes nos institutions multilatérales existantes, y compris l’OTAN et le NORAD. En plus de veiller sur notre espace aérien, le NORAD prévoit aussi une alerte maritime commune », a argué M. Charest.

Joint par La Presse, M. Charest s’est dit honoré de recevoir cette distinction de la part de la Foreign Policy Association. Dans le domaine des affaires étrangères, il a dit avoir beaucoup appris de l’ancien premier ministre Brian Mulroney lorsqu’il était ministre dans son gouvernement. M. Mulroney a d’ailleurs été reconnu par plusieurs organisations internationales pour sa politique étrangère qui a notamment été marquée par la lutte contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud.

L’ancien maire de New York Michael Bloomberg, l’ancien premier ministre australien Kevin Rudd et l’ancien président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet font partie des gens qui ont été honorés dans le passé par la Foreign Policy Association.