(Montréal) À un mois de l’échéance des conventions collectives dans le secteur public, la FIQ tient vendredi sa troisième journée de négociation avec Québec, pendant que le front commun intersyndical se plaint lui aussi du peu de rencontres de négociation tenues à ce jour.

Les deux se plaignent du peu de disponibilité de Québec pour négocier, alors que Québec blâme les syndicats pour la même situation, parce qu’ils ne veulent pas participer à ses forums de discussions, en parallèle de la négociation.

« Actuellement, c’est deux journées de négociation qui ont eu lieu seulement, puisque le rythme est à une journée de négociation par deux semaines », avait déploré en entrevue la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), Julie Bouchard, plus tôt cette semaine.

« L’équipe de négociation de la FIQ a soumis 28 dates à la partie patronale sur une période de huit semaines où nous étions disponibles pour négocier assez rapidement. Et la partie patronale n’a retenu que quatre dates », avait soutenu Mme Bouchard.

La FIQ avait pourtant déposé ses demandes le 7 novembre dernier. Et le 24 février est la troisième journée de négociation seulement.

Pas plus rapide au front commun

Le discours est semblable du côté du front commun, qui, par le biais de la CSN, de la CSQ, de la FTQ et de l’APTS, représente environ 420 000 membres.

Quatre rencontres ont été tenues à ce jour pour le front commun intersyndical, indique-t-il dans une communication interne. La suite aura lieu en mars.

Là encore, le front commun avait déposé ses demandes en octobre dernier et le gouvernement ses offres le 15 décembre.

Le front commun a indiqué avoir proposé plusieurs autres dates en avril, en mai, en juin, en juillet même.

LeBel : « pas six mois d’avance »

La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a rejeté les reproches des syndicats quant à son peu d’empressement, plus tôt cette semaine.

« On a accepté toutes les dates à très court terme. On ne planifiera pas six mois de négociations d’avance. On va passer à travers toutes les dates qui sont déjà prévues. On est ouvert, disponible et disposé », a-t-elle assuré.

Ce rythme encore lent aux tables de négociation s’explique sans doute par le fait que Québec veut pousser les syndicats à accepter d’échanger dans ses forums de discussions, en parallèle de la négociation proprement dite. Ces trois forums portent sur « l’équipe classe », « l’équipe santé mentale » et « l’équipe soins ».

Il avait déjà tenté d’organiser de tels forums en 2020, lors de la négociation des conventions collectives 2020-2023, mais les syndicats n’en avaient pas voulu non plus.

La ministre LeBel voit dans ces forums de discussions une façon d’innover, qu’il faut essayer. « À quoi ça les engage de venir discuter ? » a-t-elle lancé aux médias, lorsqu’elle s’est adressée à eux, puisque les syndicats ne s’étaient pas présentés à ces forums.

Les syndicats voient dans ces forums une façon pour le gouvernement de noyer le poisson et de gagner du temps. Pour eux, les problèmes sont connus et il faut justement négocier dans les conventions collectives des clauses pour régler ces problèmes.