Le consulat de Chine à Montréal a dénoncé lundi ce qu’il qualifie de tentatives de « noircir » son personnel, après la publication de nouvelles révélations par le Globe and Mail sur des soupçons d’espionnage qui pèsent sur la mission diplomatique installée rue Sainte-Catherine Ouest.

Le quotidien anglophone a dévoilé les détails d’un rapport « top secret » du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), l’organisme fédéral chargé du contre-espionnage et de la protection de la sécurité nationale. Le rapport daté du 2 février 2022 mettrait directement en cause le consulat de Chine à Montréal, qui serait impliqué dans les opérations de surveillance de Canadiens qui voyagent en Chine.

Selon le Globe and Mail, le rapport détaille comment, en décembre 2021, Zhang Heng, qui agissait alors comme consul général de façon intérimaire à Montréal, a demandé au bureau des visas du consulat de fournir les noms de députés, hauts fonctionnaires et dirigeants d’entreprises canadiens qui projetaient un voyage en Chine. Certains d’entre eux étaient des « cibles de travail », aurait déclaré un membre du bureau des visas.

Zhang Heng est toujours inscrit comme diplomate en poste à Montréal, désormais à titre de vice-consul général, selon les fiches du ministère québécois des Relations internationales et de la Francophonie.

Le rapport du SCRS que les journalistes disent avoir pu consulter résume certaines communications de diplomates sur le sol canadien, ce qui semble indiquer que les services de renseignement canadiens ont intercepté les communications des représentants de Pékin, qu’ils ont accès à des communications interceptées par un pays allié ou qu’ils bénéficient d’informateurs qui leur rapportent la teneur des échanges internes.

Cyberattaques, pots-de-vin et pièges sexuels

Le Globe affirme aussi qu’un autre rapport du SCRS daté de décembre 2021 détaille l’éventail de techniques d’approche déployées par le régime chinois pour compromettre les « cibles » canadiennes lors de voyages sur le sol chinois. Il est question de cyberattaques, de pots-de-vin et de pièges sexuels visant à séduire le voyageur ou la voyageuse.

La mission diplomatique a vigoureusement démenti les allégations.

« L’article tentant d’attaquer et de noircir le Consulat général et ses agents consulaires est tout à fait infondé. Nous exprimons notre vive protestation et notre ferme opposition », a déclaré un porte-parole du Consulat général de la République populaire de Chine à Montréal, dans une déclaration envoyée à La Presse.

« Le Consulat général de Chine à Montréal exerce toujours ses fonctions conformément à la Convention de Vienne sur les relations consulaires et à l’Accord consulaire entre les gouvernements chinois et canadien. Il délivre les documents officiels en vertu des lois et des règlements concernés, et travaille à promouvoir la coopération et les échanges amicaux entre la Chine et sa circonscription consulaire dans divers domaines. Nous espérons que les médias peuvent jouer activement un rôle constructif à cet égard », poursuit le message.