« Les gens sont si généreux ! »

Aïcha*, cette demandeuse d’asile de 21 ans sans domicile fixe sur le point d’accoucher, est soufflée par la vague de soutien reçu depuis la publication de son histoire dans La Presse jeudi.

Des dizaines de lecteurs lui ont généreusement offert une chambre, un logement ou encore du matériel pour son bébé à naître.

Dès la semaine prochaine, la jeune femme ira rencontrer une famille montréalaise qui lui a offert un petit logement meublé situé dans un quartier central, près d’une station de métro.

Le logement est adjacent à celui de la famille qui a des enfants en bas âge, si bien qu’Aïcha se sentira moins seule dans cette ville où elle ne connaît personne.

Son bébé et elle auront également accès à un suivi de cinq ans à la Maison bleue, un centre de périnatalité sociale situé non loin.

L’aboutissement d’un long périple

D’origine camerounaise, Aïcha a fui un conjoint violent avec qui elle vivait au Chili. Cet homme l’a affamée et jetée à la rue après avoir appris qu’elle était enceinte. Au péril de sa vie, la jeune femme a alors entrepris un long et dangereux périple à travers l’Amérique pour demander l’asile au Canada⁠1.

Débordé par l’afflux de migrants, le Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA) du gouvernement québécois l’a hébergée uniquement durant environ un mois. Dès qu’elle a reçu son premier chèque d’aide sociale, elle a été obligée de partir, malgré le fait qu’elle était enceinte de huit mois.

Le milieu communautaire, aussi submergé, n’avait aucun endroit à lui proposer pour se loger. Seul l’organisme Alternative naissance l’a aidée en lui offrant un service d’accompagnement à la naissance. Mais ne pouvant rester insensibles à sa détresse, deux de ses intervenantes ont multiplié les démarches pour lui trouver un toit.

C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée dans un petit logement d’étudiants où elle ne pouvait pas demeurer après l’accouchement, faute de mieux.

La situation lui causait beaucoup d’angoisse.

Je serai bien maintenant, sans le stress de ne pas savoir où je vais aller avec ma fille à ma sortie de l’hôpital.

Aïcha

Après son accouchement, elle devra se trouver un avocat spécialisé en immigration pour entamer les démarches pour régulariser son statut. Son rêve est de travailler dans le milieu de la santé.

Mais pour l’instant, elle doit reprendre des forces d’ici à la naissance de sa fille, prévue le 12 février. « Mon voyage m’a épuisée. Et elle bouge tellement ! », souligne-t-elle en caressant son ventre rebondi.

Un mouvement de solidarité « impressionnant »

Après la publication du reportage dans La Presse, l’organisme communautaire Alternative naissance a reçu des dizaines d’appels et de courriels d’offre de soutien divers. Afin de simplifier la récolte de dons pour Aïcha, deux intervenantes ont eu l’idée de créer une campagne de sociofinancement.

« Le mouvement de solidarité spontané est impressionnant, lâche sa coordonnatrice Emmanuelle Quiviger. D’autant plus que plusieurs nous ont offert d’aider d’autres femmes dans cette situation, conscients qu’Aïcha n’est pas seule à vivre la grossesse dans un tel contexte de précarité. »

*Aïcha est un prénom fictif, mais son histoire ne l’est pas. La demandeuse d’asile a requis l’anonymat, car elle craint pour sa sécurité en raison de la violence conjugale dont elle a été victime.

1. Lisez « Enceinte, elle traverse l’Amérique et se retrouve sans domicile fixe »