La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) ouvre une enquête sur les suicides de jeunes Autochtones dans les communautés des Anicinapes de Kitciskaik et du Lac Simon, près de Val-d’Or. Cinq personnes âgées de 14 à 26 ans y ont mis fin à leurs jours depuis le mois d’août, dont « une partie » était connue et suivie par la DPJ.

Dans un communiqué diffusé mercredi en fin de journée, l’organisation indique avoir ouvert cette investigation « de sa propre initiative » après avoir été informée de l’affaire.

« Une partie de ces jeunes étaient connus par la DPJ de l’Abitibi-Témiscamingue, ce qui justifie l’intervention de la Commission conformément à l’article 23b) de la Loi sur la protection de la jeunesse, puisqu’il existe des raisons de croire à des lésions de droits », affirme notamment la Commission.

Celle-ci ajoute également que son enquête « portera, notamment, sur la nature des services » qui ont été rendus aux jeunes Autochtones en question.

Plus précisément, l’enquête de la Commission aura pour but de « vérifier si les droits des jeunes ont été respectés », ainsi que de s’assurer « que des mesures soient prises afin que la situation ne se reproduise pas », insiste la CDPDJ.

Vers des recommandations « systémiques »

Comme le veut le mandat de l’organisme, l’investigation ne sera pas publique, mais ce dernier indique qu’à l’issue de ses travaux, il « pourrait rendre publiques les recommandations systémiques, le cas échéant ». Les « conclusions ou recommandations qui concernent la situation ou le dossier individuel d’un enfant », elles, ne seront toutefois pas rendues publiques.

« Pour des fins de protection et de confidentialité, et afin de respecter le droit à la vie privée des jeunes sous la DPJ, la Commission ne fera pas d’autre commentaire au sujet de l’enquête et aucune entrevue ne sera accordée », conclut-on.

Rappelons que les cinq jeunes qui s’étaient donné la mort avaient respectivement 14, 16, 17, 18 et 26 ans. Leur disparition avait secoué les communautés locales, et le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue avait déployé des ressources supplémentaires dans plusieurs localités. Un psychologue est aussi dépêché par le gouvernement fédéral, sur une base mensuelle, dans la région.

En juin 2019, Statistique Canada avait démontré dans une étude que les taux de suicide chez les Premières Nations, les Métis et les Inuits du Canada sont nettement plus élevés qu’au sein de la population non autochtone.

Entre 2011 et 2016, chez les Inuits, le taux a été environ neuf fois plus élevé que celui de la population non autochtone. Chez les Premières Nations, il a été trois fois plus élevé. Et chez les Premières Nations vivant dans une réserve, le taux de suicide a été environ le double de celui des Premières Nations vivant hors réserve. Enfin, le taux de suicide chez les personnes ayant déclaré être Métis a été environ deux fois plus élevé que celui des non-Autochtones.

L’étude imputait à plusieurs facteurs le risque de mort par suicide plus élevé chez les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Parmi ces facteurs figurent notamment le revenu du ménage, le niveau de scolarité, l’état matrimonial, le fait de vivre dans une réserve ou non et la taille de la communauté.

Avec La Presse Canadienne